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LES ORIGINES
DE
LA QUESTION D’ORIENT


II.

LA SOCIÉTÉ OCCIDENTALE APRÈS LES CROISADES.
— BAUDOIN COMTE DE FLANDRE ET GILION DE TRASIGNYES.


Je ne puis pas me défendre, en étudiant la question d’Orient au moyen âge[1], de remarquer en passant les singuliers changemens d’idées, de sentimens, de mœurs, que les croisades ont introduits en Occident, et combien les destinées particulières des hommes ont été troublées et diversifiées à cette époque par la marche des événemens. Les événemens ont, selon les temps, des formes et des caractères différens, et cette différence de formes et de caractères a une grande influence sur les destinées particulières des hommes. Qui pourrait prétendre que la destinée des hommes du XVIIIe siècle ressemble à celle des hommes du XIXe, et que même dans le XIXe siècle la destinée de ceux qui ont vécu pendant les vingt premières années toutes militaires du siècle ait quelque conformité avec celle des hommes qui ont vécu pendant les trente suivantes ? Hommes de guerre de l’empire, orateurs et ministres de la monarchie constitutionnelle, hardis spéculateurs de nos jours, vous n’avez pas eu assurément le même genre de destinées ! Je ne cherche pas quelles ont été les plus belles ; mais elles ne sont différentes que parce que

  1. Voyez la Revue du 1er mai 1864.