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MAURICE DE SAXE

V.
DE FONTENOY A MAESTRICHT. — LA GUERRE ET LA COUR. — DERNIÈRES CAMPAGNES.


I.

De Fontenoy à Maëstricht, quelle route de gloire pour Maurice de Saxe[1] ! Ce n’est pas seulement la grande étape de sa vie ; on peut dire qu’il n’en est pas de plus belle dans l’histoire militaire du XVIIIe siècle, du moins jusqu’à l’heure où se lèveront les soldats de 92. L’Angleterre et la Hollande, associées aux rancunes de Marie-Thérèse, ont juré d’abaisser la France. Nos victoires, au lieu de les décourager, ne font qu’irriter leur colère. En vain offrons-nous la paix à l’ennemi ; point de paix, point de trêve, il faut que les vainqueurs de Fontenoy finissent par être humiliés. L’acharnement britannique et la ténacité hollandaise, exaspérés encore par l’orgueil autrichien, nous opposent un formidable obstacle. Maurice a senti cela, et il redouble de vigilance pour ne rien livrer au hasard. Cet esprit qui rêve si volontiers en temps de paix n’a jamais été plus prudent qu’au lendemain de Fontenoy. L’ivresse de la victoire ne le trouble pas un instant. Lorsque Frédéric le Grand l’appellera un jour le Turenne de la France au XVIIIe siècle, il pensera surtout à cette période de sa vie. Qui aurait pu croire que ce soldat toujours prêt à se battre, celui qu’on accusait de mener les Français à la tartare, montrerait tout à coup tant de prudence et de solidité ? Solidité, c’est le mot qui revient sans cesse dans les lettres qu’il

  1. Voyez la Revue du 1er mai, du 1er juin, du 1er juillet et du 1er août.