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DE
LA SITUATION POLITIQUE
DE LA FRANCE

À cette époque de l’année, les événemens qui doivent influer sur celle qui va suivre sont accomplis, ou du moins ils sont assez avancés pour qu’on puisse juger de la situation politique qu’ils ont produite ou modifiée. Sauf les droits de l’imprévu, les faits connus suffisent en quelque sorte pour orienter le gouvernement et lui tracer sa marche. Ce qu’il considère du dedans, la presse le regarde du dehors, et il n’est pas besoin d’être dans la confidence du pouvoir pour se former une opinion sur ses devoirs et ses intérêts. Que ne se persuade-t-il aussi qu’il n’est pas besoin d’être de son parti, ni même de ses amis, pour apprécier et ces mêmes intérêts et ces mêmes devoirs sans haine comme sans passion, et rechercher sincèrement ce que réclame l’état des affaires du pays! Rien de plus pénible pour un écrivain loyal que de ne pouvoir dire ce qu’il pense sans être soupçonné de cacher ce qu’il souhaite, que de passer, en cherchant la vérité politique, pour ne songer qu’à satisfaire de vieux ressentimens par des conseils perfides. Et pourquoi donc n’y aurait-il pas des hommes que touchent avant tout la vérité et la patrie ?

Que dire dans l’intérêt de l’une et de l’autre, que dire de la situation du gouvernement? On s’est habitué à la faire dépendre principalement des événemens du dehors. On a cru depuis douze ans que là surtout était le champ où se mouvaient la pensée et la volonté souveraines; on s’est imaginé que des desseins et des entreprises qui dépassent nos frontières étaient toujours probables, et