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des ateliers à la suite de la peinture, de la sculpture et de l’architecture : le père passe après les enfans.

Laissons là ce monde renversé. Nous risquerions de ne jamais finir, si nous donnions trop libre cours aux regrets, aux tristesses que nous inspirent tous ces bouleversemens. Renonçons donc à demander compte de ces deux autres groupes d’ateliers, combinés aussi trois par trois, et dont, par goût de symétrie ou par crainte de faire des jaloux, on a doté l’architecture et la sculpture. Bien d’autres questions encore nous seraient suggérées, si nous suivions dans ses détails le nouveau mode d’enseignement ; mais nous devons ménager le peu d’instans qui nous restent à entretenir nos lecteurs : nous en avons besoin pour aborder la dernière partie du décret, le couronnement de l’œuvre, les modifications introduites dans le système d’encouragemens et de récompenses pratiqué jusqu’ici.


IV

Il ne s’agit que des grandes récompenses, de celles que connaît le public, et dont il aime à s’occuper, des prix qui conduisent à Rome. Quant aux encouragemens secondaires, décernés dans le cours de l’année et dans l’intérieur de l’école sous forme de médailles ou sous d’autres dénominations, nous n’avons point à en parler, puisqu’ils n’ont subi, comme on l’a vu plus haut, qu’une éclipse momentanée, et que, supprimés d’abord par le décret de novembre, ils ont été rétablis et même amplifiés par le règlement de janvier. Les grands prix au contraire, les prix de Rome, restent soumis plus que jamais au régime nouveau inauguré par le décret, et le premier essai pratique de ce régime vient même d’être fait tout récemment, non sans quelque embarras et quelque malencontre. Est-il besoin de rappeler les innovations principales de cette partie du décret ? Qui ne les connaît ? On en a tant parlé ! C’est d’abord l’abaissement de l’âge des concurrens, puis le jugement des concours confié à de nouveaux juges, puis enfin quelques modifications dans la durée de la récompense, dans les obligations et dans les privilèges des lauréats.

Quelle est au fond la portée de tous ces changemens ? Qu’a voulu faire le pouvoir ? Le sait-il bien ? Est-il l’ami sincère de cette institution que, depuis deux siècles bientôt, tous nos gouvernemens ont respectée, et que l’Europe nous envie, quoi qu’on dise, de ce grand séminaire des arts fondé dans la ville éternelle avec la munificence un peu fastueuse, cachet habituel des créations du grand règne ? Veut-on la conserver, cette Académie de France à Rome ? Est-ce