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revenue depuis peu dans l’établissement, et l’expression de la reconnaissance qu’on lisait dans ses yeux confirmait bien l’assertion du directeur, qu’elle serait morte partout ailleurs qu’à l’hospice, où des soins attentifs semblaient chaque jour la rappeler à la vie. La proportion des infirmes dans la population des enfans assistés est considérable ; la moyenne est de 530 sur 13,500, et les maladies scrofuleuses y dominent principalement. Il y a quelques années, on envoyait aux eaux de Pougues, dans la Nièvre, les scrofuleux guérissables. Cent lits avaient été aussi créés pour eux à Forges. Depuis 1861, l’administration de l’assistance publique a installé sur la plage de Berck, près de Montreuil-sur-Mer, un hôpital provisoire construit en bois, couvert en ardoises, qui a coûté 125,000 francs, et qui reçoit des malades même pendant l’hiver. Cependant, de toutes les améliorations introduites dans le service des enfans assistés à Paris, la distribution des secours aux mères pauvres a réalisé les plus incontestables bienfaits. C’est en 1852 que cette mesure a été adoptée, et dans les cinq mois qui l’ont suivie le total des enfans trouvés a présenté une diminution de 19 pour 100 sur les cinq mois correspondans de 1851. Dans ce laps de temps, 5,490 femmes avaient été assistées, dont 2,947 accouchées chez elles. Celles qui conservaient leurs enfans recevaient un premier secours ; pour celles qui les faisaient placer en nourrice par les soins de la direction centrale des nourrices, l’administration garantissait le paiement des dix premiers mois : elle exigeait en retour la reconnaissance de l’enfant par sa mère. Malheureusement, avec des secours aussi exigus, l’abandon, un moment suspendu, avait souvent lieu plus tard, Les femmes secourues et visitées disparaissaient, abandonnant leurs enfans, qui retombaient alors à la charge de l’hospice ; quelques-uns de ceux qui avaient été placés par ses soins en nourrice lui revenaient ainsi au bout de dix mois. C’est pour remédier à ces fâcheux abus qu’une instruction ministérielle a permis d’accorder des secours pendant trois ans ou plus, selon les cas, aux mères des enfans naturels reconnus, ainsi qu’aux enfans légitimes dont l’abandon serait imminent. En 1861, ont participé à ces secours 6,966 enfans, dont 1,248 légitimes, 3,123 enfans naturels reconnus et même 2,595 non reconnus, car l’administration a prévu le cas où l’accouchement trop récent empêcherait la mère de procéder à l’acte de reconnaissance. Que cette mesure, dont l’application se fera sur une proportion de plus en plus grande, ait pour conséquence de diminuer le nombre des abandons et des infanticides, qu’elle soit favorable à la vie des enfans, dont la mortalité pendant la première année est moindre chez leurs mères qu’à l’hospice, enfin que les secours, même prolongés pendant trois ans et plus, constituent