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TERTULLIEN
ET
LE MONTANISME

I. Antignosticus, Geist des Tertullianus und Einleitung in dessen Schriften (l’Antignostique, Esprit de tertullien et Introduction à ses écrits), par A. Neander, 2e édition. — II. Herzog’s Theologische Real-Encyclopœdie (Encyclopédie théologigue, dirigée par M. Herzog), article Tertullianus par le dr Philippe Schaff ; Gotha 1862.

Parmi les disciplines, d’aspect effrayant pour les profanes, que l’ancienne théologie avait inscrites sur son programme ordinaire, se trouvait la patristique, c’est-à-dire un certain genre d’études roulant sur les pères de l’église, leur biographie, leurs écrits et l’usage qu’il en fallait faire. Rien n’égalait en aridité cette branche de la science religieuse. Le factice, le convenu voilaient entièrement les côtés pittoresques de cette littérature pleine de vie et de passion, que le point de vue traditionnel changeait en une sorte de pétrification solennelle et grandiose, mais monotone et suintant l’ennui par toutes ses fissures. La controverse seule (et quelle controverse !) avait le courage de s’attaquer à ces blocs massifs et d’en extraire les pierres convenables aux édifices respectivement chers aux différens controversistes. Catholiques et protestans en effet, orthodoxes et sociniens, se figurant tous l’église des premiers siècles identique à l’église moderne de leur préférence, ne doutaient pas de trouver chez les pères la pleine confirmation de leurs vues particulières, et comme au fond chacun y trouvait quelque chose à son gré, chacun aussi se faisait illusion sur les élémens réfractaires qu’il rencontrait dans ses fouilles. Il en résulta une guerre de textes