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LE
LENDEMAIN DE LA VICTOIRE
EN POLOGNE

Que fera-t-on de la Pologne ? par M. Schedo-Ferroti ; 1 vol. in-8o, Berlin 1864.

Qui dirait aujourd’hui, à voir cette grise et lourde placidité de l’atmosphère, qu’il y a une année à peine, il y a quelques mois encore, l’Europe du nord était toute sillonnée des éclairs de la lutte, qu’une nation armée pour son droit échauffait et illuminait l’Occident de son héroïsme, défiant une domination meurtrière, que non loin de là un petit peuple probe, sensé, libéral, plus grand par le cœur que par les ressources, avait à se défendre contre deux puissances coalisées pour le démembrer ? Le temps est passé de ces spectacles importuns sur lesquels le rideau est tombé devant une opinion distraite, presque inattentive et fatiguée d’émotions inutiles. La diplomatie, sans compter la force, nous a fait ces loisirs, et nous goûtons toutes les sérénités de la paix ! M. de Bismark, le grand meneur, que Catherine II eût pour le coup appelé le cocher de l’Europe, se donne du repos et vient de se tremper dans les eaux tonifiantes de la mer de Gascogne ; l’empereur Alexandre de Russie vient d’aller paisiblement respirer pendant quelques jours les brises salubres de notre Méditerranée. Le prince Gortchakof est sur les chemins de Suisse ou d’Allemagne, à Lausanne ou à Berlin. Les politiques, si affairés hier, voyagent dans la sécurité de leur récente victoire. Tout est donc bien fini de ce côté, nous sommes tranquilles, et si quelque nouveau coup de vent doit remuer l’Europe, il viendra d’ailleurs,