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MAURICE DE SAXE

VI.
LE SOUVERAIN DE CHAMBORD.


I

Le traité d’Aix-la-Chapelle venait d’être signé le 18 octobre 1748. Louis XV, impatient de conclure la paix, s’était hâté de restituer toutes les conquêtes du maréchal de Saxe. On a vu ce qu’en pensait Maurice dans sa lettre à M. de Maurepas[1] ; ce cri de douleur et de honte fut bientôt répété par des milliers de bouches. La colère publique éclatait sous les formes les plus étranges. Le vocabulaire des injures de la rue s’était enrichi d’un terme nouveau qui effaçait tous les autres ; quand, on avait dit : « bête comme la paix, » c’était le dernier degré de l’outrage. À la cour et à la ville, les épigrammes pleuvaient de tous côtés. Celui qui ne voulait rien prendre, disait un de ces rimeurs anonymes,

Prit deux étrangers pour tout prendre,
Prit un étranger pour tout rendre,
Prit le prétendant pour le vendre.

Les deux étrangers qui avaient tout pris, c’était le comte de Saxe et son ami le comte de Lœwendal ; l’étranger qui rendait tout, c’était le marquis de Saint-Sévérin, diplomate italien passé au service

  1. Livraison du 15 octobre. On trouvera les autres parties de cette étude dans la Revue du 1er mai, du 1er juin, du 1er juillet, du 1er août 1864.