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les eaux du Pacifique ? La Californie et la Colombie britannique nous donneront à peu près 250 millions ; le Mexique et les états de l’Amérique du Sud, 150 millions au plus ; l’Australie, Nouvelle-Zélande comprise, 250 ou 300 millions. Si l’on ajoute à ces chiffres un faible appoint fourni par les monts Ourals et l’Afrique centrale, on saisira d’un coup d’œil l’importance que les découvertes effectuées depuis seize ans ont donnée au commerce de l’or. On jugera en même temps combien il reste de contrées aurifères à explorer et quelles richesses enfouies doivent surgir à la suite de nouvelles recherches. Les mines dont l’existence nous est révélée suffisent sans doute aux besoins de notre époque. Les usages auxquels l’or est destiné, fussent-ils devenus plus nombreux, ce qui paraît peu probable eu égard au prix nécessairement élevé de cette matière, ces mines suffiraient encore pendant toutes les générations à venir auxquelles il nous est permis de penser. Quant à un abaissement de prix, on ne peut l’espérer, puisque les bénéfices actuels de l’exploitation n’excèdent pas sensiblement le gain nécessaire à la prospérité d’une industrie.

Si l’on se rappelle ce qui a été raconté plus d’une fois des terrains aurifères de la Californie[1], on remarquera une singulière analogie entre les événemens qui marquèrent les premières années d’exploitation, entre les méthodes d’exploitation elles-mêmes, et bien plus entre les caractères géologiques du terrain, de sorte que l’un de ces pays paraît avoir imité l’autre en tous points. Aux deux côtés du Pacifique, en Californie comme en Australie, — si l’on voulait remonter un peu plus haut, op pourrait dire comme au Mexique et dans l’Amérique du Sud, — les mines d’or attirent une population vagabonde, aventurière ; des excès signalent les débuts de ces nouveaux états ; puis toute cette population se case dans le pays où elle est venue chercher fortune. Abandonnant le travail des mines, qui ne convient pas à tout le monde, ces émigrans trouvent la richesse dans les travaux plus paisibles du commerce et de l’agriculture. Les provinces où l’or abonde se trouvent être fertiles : c’est la conséquence même de leur formation géologique. Elles produisent tout ce qui est nécessaire à l’homme. De nouveaux empires se fondent dont l’or n’est pas la seule richesse, mais qui

  1. Les statistiques de la Californie, quoique moins complètes que celles de l’Australie, sont encore assez précises pour qu’il soit possible de saisir l’importance du commerce de l’or en ce pays. Au point de vue de l’exploitation, il n’y a qu’une différence notable à signaler. Dans la Sierra-Nevada, il y a une abondance d’eaux courantes telle, que les minerais les plus pauvres peuvent être lavés avec fruit. D’autre part, les alluvions paraissent y avoir une plus grande épaisseur ; aussi le traitement des quarts aurifères y est-il moins développé.