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tels qu’ils sont décrits dans l’enquête de la chambre de commerce, intelligens, laborieux, avides d’instruction, méritent que l’on ait en eux plus de confiance. Précisément parce qu’ils sont agglomérés dans une capitale où les enseignemens abondent, il leur sera plus aisé de s’éclairer mutuellement et d’étudier sur le plus vaste champ d’observation les effets des lois économiques auxquelles ils reconnaîtront bien vite que toutes les industries sont indistinctement soumises. De là naîtra une sécurité plus grande dans les rapports entre patrons et ouvriers. Ceux-ci seront moins ouverts aux illusions, plus rebelles aux excitations mauvaises, à mesure qu’ils deviendront plus instruits, et que, livrés à eux-mêmes, ils sentiront davantage le poids de la responsabilité.

La chambre de commerce a rendu un véritable service à l’industrie et à la science en publiant l’enquête de 1860. On possède ainsi un tableau complet de ce qu’était Paris, non-seulement à la première année de l’annexion, qui a plus que doublé son étendue, mais encore à l’inauguration du régime de la liberté commerciale. Cette date présente donc un double intérêt, et elle fournit un excellent point de départ pour les comparaisons à établir ultérieurement. L’ensemble du travail, habilement dirigé par M. Moreno-Henriques, ne se borne point à une compilation de chiffres statistiques. M. E. Cottenet, secrétaire de la chambre de commerce, y a joint des notices très instructives sur l’histoire de toutes les branches d’industrie. Le volume contient près de trois cents monographies, qui, placées en regard des tableaux, servent en quelque sorte d’illustrations aux chiffres et leur donnent le mouvement et la vie. Que de détails curieux et ignorés dans cette immense fabrique qui s’appelle Paris ! Quel chaos et quels contrastes ! quels efforts de travail, et quelle énorme masse de produits ! Tout cela a été compté, mesuré, décrit et photographié par la statistique, dont ce gros volume sur Paris peut, à bon droit, être considéré comme le chef-d’œuvre.