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gouvernement français a laissées parmi les Américains du Nord dans la crédulité inconcevable avec laquelle ils accueillent les bruits les plus absurdes répandus sur nos desseins. Nous signalions, il y a quelque temps, la nouvelle qui avait circulé à Washington, annonçant que la France ne reconnaîtrait M. Lincoln que comme président des états qui ont contribué à sa récente élection, ce qui équivaudrait à une reconnaissance implicite et indirecte et la confédération du sud. Le dernier courrier d’Amérique mentionne une autre alerte dont le prétexte serait encore une évolution bizarre attribuée à la politique française. Le roman brodé par les politiques de Washington était celui-ci. La France devait recevoir en gage de l’empereur Maximilien les provinces septentrionales du Mexique ; en acceptant cette cession, la France aurait reconnu le président Davis. Lee, en devenant généralissime des armées du sud, se proposerait d’armer et d’affranchir deux cent mille noirs, et cette émancipation rendrait encore plus certaine la reconnaissance du sud par la France ! Voilà les mauvais rêves que, nous autres Français, nous inspirons sans le savoir aux Américains. Ces cauchemars ridicules seront dissipés, nous l’espérons, par le démenti très net que le Moniteur vient de donner au bruit de la cession de la Sonora. Nous souhaitons que l’attitude mieux définie de notre politique tire enfin les Américains de préoccupations si étranges. — Quelque intérêt qu’aient porté chez nous certaines personnes à la cause des confédérés, la masse du public a été hautement favorable à la cause du nord : la démocratie et le libéralisme français n’ont point manqué à ces nobles souvenirs qui associent dans l’histoire de la fondation des États-Unis le nom de Lafayette au nom de Washington. Aucun homme politique ayant étudié avec intelligence la carte d’Amérique n’a cru chez nous que la guerre pût finir autrement que par le rétablissement de l’Union. Quant au gouvernement français, nous le croyons disposé à maintenir loyalement la neutralité entre les belligérans. L’enquête qu’il fait poursuivre sur l’affaire de l’Olinde prouve aux Américains que, bien loin de penser à reconnaître le gouvernement confédéré, il n’entend pas permettre que des spéculateurs français vendent à ce gouvernement des navires et les arment pour son compte,

e. forcade.


LE PETIT ROMAN.

Le roman, le vrai roman, il faut bien l’avouer, devient un fruit rare. Si vous osez vous aventurer dans ce jardin aux médiocres enchantemens et qui n’a plus guère même, pour en défendre les abords, le vigilant dragon de la critique, prenez bien garde, vous risquez fort d’aller de déception en déception ; pour une invention offrant à l’esprit l’attrait de la force ou de la grâce, de la nouveauté et de l’art, que d’histoires saugrenues, recher-