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les méthodes et les instrumens en usage dans cette science qu’on pourrait appeler divine, forment autant de chapitres de l’ouvrage. La lecture en est facile, le style toujours clair et rapide. L’auteur n’en est pas du reste à son coup d’essai, et le Ciel témoigne d’un progrès très notable sur les Causeries astronomiques qui l’avaient précédé.

Si nous descendons des hauteurs de l’empyrée, où nous a conduits M. Guillemin, nous pourrons avec M. Arthur Mangin étudier au passage l’Air et le Monde aérien. L’ouvrage est un peu composite, comme son titre, et M. Mangin y dévoile tour à tour à ses jeunes lecteurs la constitution et les phénomènes de l’atmosphère ; puis il décrit les habitans du monde aérien, les insectes et les oiseaux. Le livre est nourri de faits généralement bien présentés, et d’une façon intéressante ; mais un grave reproche qu’on peut faire à l’auteur, c’est l’absence de toute méthode. Ainsi des chapitres sur la machine pneumatique, les pompes, le baromètre, l’aérostation et l’aéronautique, les tempêtes, les cyclones, les prédictions du temps, précèdent ceux sur les insectes et les oiseaux, sans transition, sans qu’on voie bien clairement comment tout cela se soude. Il y a mieux : dans l’histoire des insectes et des oiseaux, que l’auteur pouvait rendre si intéressante pour ses jeunes lecteurs, bien des faits sont passés sous silence. Les classifications même sont un peu négligées, et cependant c’est sur ces deux points peut-être, nous entendons les classifications entomologique et ornithologique, que les naturalistes sont le plus à l’abri des reproches si fondés qu’on leur adresse en général sur la méthode. Nous voulons bien reconnaître que le mode d’après lequel M. Mangin range les oiseaux offre un certain côté pittoresque ; mais quand une division est admise dans la science et que cette division est bonne, pourquoi ne pas la respecter ? pourquoi la violer à plaisir ? De bonne foi, M. Mangin, en cataloguant les habitans de l’air en oiseaux parés, chanteurs, parleurs, voyageurs, nageurs, marcheurs, rapaces, intrus, a-t-il heureusement remplacé la classification en usage, et les ordres des rapaces, des passereaux, des grimpeurs, des gallinacés, des échassiers et des palmipèdes, auxquels nous reportent jusqu’aux souvenirs d’histoire naturelle du collège, n’offrent-ils pas, dans l’énonciation même, un caractère net et philosophique qu’il est bon de reconnaître ? Les gens du monde ont adopté ces noms qu’ils comprennent, les maîtres de la science les ont acceptés tour à tour. Nous n’aimons pas la routine, nous croyons que la science progresse tous les jours, qu’une bonne classification est encore à trouver, une vraie classification naturelle ; il ne faut pas cependant, par amour du changement, faire moins bien qu’on n’a fait. M. Mangin en agit sans plus de façon avec les insectes. Il est vrai qu’il peut nous répondre dans les deux cas qu’il n’écrit pas pour des naturalistes.

Du Monde aérien au Monde de la Mer, la transition se fait sans qu’on y pense. Saluons encore ici un bon livre, une œuvre posthume malheureusement, signée d’un pseudonyme, celui d’Alfred Frédol. Moquin-Tandon, qui a illustré les chaires scientifiques de province avant d’entrer à l’Institut