Depuis bientôt deux ans, une guerre sauvage désole l’Uruguay ; mais les luttes de ce genre sont malheureusement trop fréquentes dans la plupart des républiques hispano-américaines pour que l’Europe ait songé à s’émouvoir d’un pareil conflit. D’ailleurs, les courriers d’Amérique nous apportant l’écho d’événemens bien autrement considérables, il est tout naturel que les faits et gestes d’un Venancio Florès et d’un Souza Netto n’aient encore eu qu’un bien faible retentissement dans l’ancien monde. Toutefois les affaires viennent de prendre une tournure plus grave. L’empire du Brésil est intervenu dans la querelle. Le Paraguay, cet état pacifique par excellence, qui pour n’avoir jamais de disputes avec ses voisins s’était séparé du reste du monde par une barrière de lois prohibitives, se laisse entraîner par le tourbillon de la guerre, et les Argentins de la pampa, comme des taureaux habitués à la vue du