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ÉTUDE
SUR
LA PHYSIOLOGIE DU CŒUR




Pour le physiologiste, le cœur est l’organe central de la circulation du sang, et à ce titre c’est un organe essentiel à la vie ; mais par un privilège singulier, qui ne s’est vu pour aucun autre appareil organique, le mot cœur est passé, comme les idées que l’on s’est faites de ses fonctions, dans le langage du physiologiste, dans le langage du poète, du romancier et de l’homme du monde, avec des acceptions fort différentes. Le cœur ne serait pas seulement un moteur vital qui pousse le liquide sanguin dans toutes les parties de notre corps qu’il anime ; le cœur serait aussi le siège et l’emblème des sentimens les plus nobles et les plus tendres de notre âme. L’étude du cœur humain ne serait pas uniquement le partage de l’anatomiste et du physiologiste ; cette étude devrait aussi servir de base à toutes les conceptions du philosophe, à toutes les inspirations du poète et de l’artiste.

Il s’agira ici, bien entendu, du cœur anatomique, c’est-à-dire du cœur étudié au point de vue de la science physiologique purement expérimentale ; mais cette étude rapide que nous allons faire des fonctions du cœur devra-t-elle renverser les idées généralement reçues ? La physiologie devra-t-elle nous enlever des illusions, et nous montrer que le rôle sentimental que dans tous les temps on a attribué au cœur n’est qu’une fiction purement arbitraire ? En un mot, aurons-nous à signaler une contradiction complète et péremptoire entre la science et l’art, entre le sentiment et la raison ?… Je ne crois pas, quant à moi, à la possibilité de cette con-