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qu’a parcourues l’art romain dans son application aux constructions chrétiennes. Sous le règne de Constantin le Grand, les principes de cet art apparaissent encore inaltérés dans les premiers édifices que ce prince fit élever ; mais à partir de Justinien Ier une grande transformation s’opère dans l’architecture byzantine : la forme des églises dites basiliques est abandonnée ; la coupole en devient l’élément prédominant et caractéristique, et ce type s’est maintenu fidèlement jusqu’à nos jours en Orient.

Un chapitre traite des temples du polythéisme convertis en églises ; M. Ch. Texier donne les plans d’un grand nombre de ces sanctuaires encore debout, appropriés aux exigences du nouveau culte que leurs murs ont abrité. De ces recherches il résulte qu’à très peu d’exceptions près, la conservation des temples de l’antiquité païenne est due, en y comprenant le Parthénon, aux disciples de l’Évangile, par exemple à Thessalonique, ou M. Ch. Texier a vu des modèles remarquables et nombreux de tous les styles de l’art byzantin, depuis la splendide basilique de saint Démétrius jusqu’aux églises des IXe et Xe siècles surmontées de coupoles. Celle de Saint-George, qui est de forme circulaire et sans contredit la plus ancienne du monde chrétien, considérée jusqu’ici comme un ancien temple des Cabires, trahit une origine chrétienne par ses briques, où l’on aperçoit des signes qui attestent évidemment cette primitive origine. La coupole est ornée d’une magnifique mosaïque représentant des temples, des palais, qui rappellent les peintures de Pompéi, tandis que des figures colossales de saints, avec des inscriptions grecques, sont placées devant les tabernacles. D’autres tableaux en mosaïque se retrouvent dans les églises converties en mosquées : ce sont les plus beaux spécimens que nous possédions aujourd’hui de l’art byzantin. La fondation de l’église de Saint-George, qui paraît remonter à Constantin le Grand, est sans doute due à la pensée qu’il avait alors d’établir sa nouvelle capitale à Thessalonique. Trébizonde renferme des monumens non moins dignes d’attention, restés jusqu’à présent inédits ; on les retrouvera avec plaisir reproduits dans le livre de MM. Ch. Texier et Pullan. Ceux des autres villes d’Asie, comme Édesse, Myra, Dana, etc., ont fourni un riche contingent que le premier de ces deux auteurs a savamment décrit. Nous en dirons autant des églises taillées dans le roc en Phrygie et en Cappadoce par les premiers chrétiens avec leurs mosaïques et leurs peintures aux couleurs resplendissantes. L’exécution typographique répond à l’œuvre du crayon et du burin, et cet ensemble offre aux archéologues et aux artistes une ample moisson de documens neufs et du plus haut intérêt, bien dignes d’être consultés ou étudiés.


ED. DULAURIER.


V. DE MARS.