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souveraine, et en usa pour le plus grand bien de l’état. » Or l’archéologie justifie le témoignage de Claude par une preuve éclatante. Il y a peu d’années, un correspondant de l’Institut de France, M. Noël Des Vergers, aidé de M. Alessandro François, a découvert à Vulci un tombeau décoré de peintures qui sont les plus importantes et les plus belles de l’Étrurie. Sur une des parois de la chambre sépulcrale est peint Achille immolant les prisonniers troyens aux mânes de son cher Patrocle ; sur l’autre paroi sont figurés également la tendresse et le dévouement d’un ami, mais le trait est emprunté à l’histoire nationale. Cœles Vibenna a été fait prisonnier avec ses compagnons ; Mastarna accourt, tue ses ennemis, coupe ses liens, lui sauve la liberté et la vie. Les noms tracés par le peintre au-dessus de chaque personnage ne permettent point le doute ; peut-être même la scène se passe-t-elle à Rome, car Tarquin prend part à l’action, et on lit auprès d’une figure de femme effacée le nom de Tanaquil, femme de Tarquin.

Du reste, les monumens construits par les dominateurs étrusques à Rome attestent leur origine aussi bien que leur puissance. Les murs grandioses dont ils entourèrent la ville existent encore : on les voit, non-seulement au-dessous du Capitole, mais dans la vigna Macarona, sous le couvent de Sainte-Sabine, dans les jardins du palais Colonna, sous le casino de la vigna Barberini. L’enceinte avait près de deux lieues de tour ; d’immenses fossés complétaient la défense de ces murailles du plus solide appareil, et au temps d’Horace on en faisait un lieu de promenade, abrité et recherché comme nos boulevards. Que dire de ces admirables cloaques, construites pour durer éternellement, sous les voûtes desquelles les voyageurs se promènent en barque ? Dans le principe, la cloaca maxima n’était point un égout, mais un canal couvert qui jetait dans le Tibre les eaux du Vélabre, desséchait le marais, et préparait un emplacement plus vaste et plus salubre au futur forum. Du même coup on chassait les eaux stagnantes de la vallée qui sépare le Palatin de l’Aventin, et l’on y construisait le grand cirque, théâtre de tant de courses et de tant de fêtes. Les temples s’élevaient à l’envi : les deux temples de la Fortune, si justement adorée par les aventuriers toscans ; le temple de Diane sur l’Aventin, le temple de Jupiter Latialis, au sommet du Monte-Cavo, détruit par le dernier des Stuarts ; enfin le célèbre temple qui couronnait le Capitole. Tandis que Tite-Live nous assure que le triple sanctuaire capitolin a été bâti par des ouvriers étrusques, l’architecte Vitruve en décrit le plan et les proportions. Les trois sanctuaires parallèles sont enveloppés par un même péristyle et précédés par un portique commun ; la longueur totale de l’édifice ne surpasse que d’un sixième