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LA
PAPAUTE MODERNE
D'APRES LES CARDINAUX CHIARAMONTI, PACCA ET CONSALVI

:I. Mémoires du cardinal Consalvi, traduit par M. Crétineau-Joly. II. Oinilia del cittadina cardinale Chiaramonti, vescovo d’Imola (Imola 1797). III. Mémoires du cardinal Pacca.

Une histoire de l’état pontifical depuis son premier contact avec la révolution française ne serait guère autre chose que la description de cette crise prolongée et profonde qui, dissolvant peu à peu l’institution mixte de la papauté et la dépouillant de son élément politique, semble toucher aujourd’hui à sa terminaison. Cette histoire de près de soixante-dix années se partagerait en deux périodes bien distinctes : la première, commençant au traité de Tolentino, qui enleva au saint-siège les trois légations, et finissant à la restauration de 1814, qui les lui rendit ; la seconde, se continuant jusqu’au moment où nous sommes. Pendant la première, la révolution vient du dehors, violente et impopulaire ; après les légations, elle emporte le reste, et deux fois renverse le trône pontifical ; elle ne discute pas, elle devance ou remplace les idées par la force, et disparaît sans avoir rien fondé, car la force à elle seule ne fonde rien. Pendant la seconde, le mouvement recommence, mais du dedans, non plus par la force, mais par l’esprit ; ce sont les germes laissés par la France qui repoussent sous la chaleur du génie italien. La révolution, plus réfléchie, reprend son œuvre par