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à la diète de Francfort, qui remit immédiatement l’examen de la cause à ses « comités réunis. » Déjà le 9 mai sir A. Malet appelait de Francfort l’attention du gouvernement britannique sur la gravité de ces événemens, tout en indiquant avec une rare sagacité l’automne de 1863 comme l’époque décisive de la crise. La diète, pensait-il, traînerait avec intention les affaires en longueur jusqu’au moment où la saison rigoureuse ne permettrait plus aux Danois de faire usage de leur marine, qui seule pourrait devenir dangereuse aux Allemands, et c’est dans le même sens que s’exprimait quelques jours plus tard lord Loftus dans une dépêche du 26 mai datée de Munich.

En face de pareilles éventualités, lord Russell se décida enfin à sortir de la réserve qu’il avait gardée dans le différend dano-allemand depuis le commencement de l’année[1], et il écrivit, sous la date du 27 mai, une missive identique à l’adresse des cours de Vienne et de Berlin, dont il fit remettre aussi une copie au président de là diète fédérale, le baron Kübeck. Le ministre britannique voulait sans doute, par ce premier acte d’intervention, réparer le grand mal qu’il avait fait au Danemark ; mais ce qui le préoccupait surtout, c’est que ce nouvel incident ne compliquât la situation générale, assez aggravée déjà par les affaires de Pologne. « Sans discuter la déclaration du roi de Danemark du 30 mars, » il se bornait donc à exprimer « combien il serait désirable que rien ne vînt augmenter les dangers déjà existans et les complications de l’Europe. » En même temps il faisait observer que les affaires du Slesvig regardaient la politique internationale, « et ne pouvaient être décidées par la diète de Francfort. » Quelques jours plus tard (9 juin), il demandait au baron Kübeck si la diète entendait ne discuter que les affaires du Holstein, en ajoutant que « d’autres puissances, non germaniques, faisaient une grande distinction entre le Holstein et le Slesvig. » La diète répondit en insérant dans le rapport de son comité (18 juin), avec force éloges, les principaux passages de la dépêche de Gotha, et en la proclamant même dans ses résolutions une « base acceptable d’arrangemens » (9 juillet) ; mais le principal secrétaire d’état avait garde maintenant de passer par cet arc de triomphe qui ressemblait trop bien à des fourches caudines, et il maintenait son importante distinction avec d’autant plus de force

  1. Le 11 mars, il avait répondu sèchement au comte Manderstroem, qui lui demandait de prêter un appui moral au Danemark dans son essai d’arrangement avec les états du Holstein : Her majesty’s government will not interfere (dépêche à M. Jerningham). — Après la publication de la patente du 3 mars, il se borna à recommander au Danemark, selon l’habitude, « de procéder avec la plus grande prudence et circonspection, eu égard surtout au moment présent. » (Dépêche à M. Paget du 22 avril.)