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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.



31 mars 1865.

Avec la place exceptionnelle qu’occupe dans notre vie politique la discussion de l’adresse au sein du corps législatif, peut-être pour bien juger de l’importance du débat de cette année, pour en mesurer exactement les tendances logiques et les suites nécessaires, faudrait-il laisser s’écouler quelque temps et choisir son point de vue à distance. Dans le moment de la vie politique de la France où nous nous trouvons, on ne doit pas se le dissimuler, les controverses engagées au Palais-Bourbon ne sont point un exercice oratoire, elles sont des actes et des événemens. Elles font marcher les questions intérieures ; elles hâtent le développement de notre vie constitutionnelle ; elles prennent par conséquent un grand intérêt historique. C’est pour cela qu’il nous semble qu’on les apprécierait avec plus de justesse, si l’on en était moins rapproché que nous ne le sommes aujourd’hui.

Nous n’avons assisté encore qu’au prologue de la discussion de l’adresse, à la discussion générale. La question du progrès constitutionnel y a été posée avec plus de netteté, abordée avec plus de décision, serrée de plus près qu’on ne l’avait fait jusqu’à présent. M. Ollivier, M. Thiers, M. Thuillier, placés dans des situations bien diverses et à des hauteurs de talent bien différentes, se sont partagé ce débat. Le libéralisme qui ne voudrait pas être une opposition, le libéralisme qui ne craint point d’être une opposition, et le gouvernement se sont prononcés et expliqués sur le progrès constitutionnel. De cet échange d’idées accompli devant le pays attentif, il sortira nécessairement quelque chose, et les positions prises par les orateurs en qui les opinions se sont personnifiées influeront sans doute sur le mouvement des esprits. Ce sont ces résultats de la discussion que nous ne voudrions point nous hâter de prévoir et de prédire, et que pourtant nous sommes forcés d’avoir en vue en réfléchissant à la discussion générale qui vient de finir.