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dernière somme, 2,020,000 francs sont affectés soit au service des intérêts, soit au remboursement des emprunts à long terme successivement contractés. Le rapport du préfet au conseil municipal d’où ces chiffres sont extraits porte que toutes les dettes antérieures à l’année 1854 ont été remboursées, moins 1,483,000 francs, dus sans échéance fixe, et qu’il y a 35 millions de nouvelles dettes à éteindre à partir du 1er janvier 1864 ; mais à ce total, qu’on peut appeler celui de la dette inscrite, il faut ajouter encore le prix du rachat du péage des ponts du Rhône, — l’emprunt contracté pour les travaux de défense contre les inondations, — double dépense à laquelle l’état a contribué, — enfin les indemnités et les frais d’ouverture de rues et d’alignemens, sorte de dette flottante qui dépasse 5 millions. En somme, on peut estimer qu’à la fin de l’année 1865, toutes les obligations de la ville ne s’élèveront pas à moins de 54 millions, sans compter les obligations qui résulteront des nouvelles dépenses que la municipalité doit voter pour répondre aux désirs exprimés dans la lettre impériale du 3 mars dernier, et que l’on évalue à une dizaine de millions. En 1847, la dette de l’ancienne ville n’était que de 8,700,000 francs. Après l’annexion des faubourgs, en 1854, elle ne dépassait pas 10 millions. C’est donc une surcharge de 44 et très probablement de 54 millions en dix années.

Comment de 3,818,000 francs, où nous l’avons laissé en 1847, le revenu ordinaire s’est-il élevé au chiffre de 9,142,000 francs qu’il présente en 1864, et pour quelles entreprises a-t-il fallu emprunter en dix ans des sommes si considérables ? — L’accroissement des recettes provient avant tout de l’extension prise par la ville. Le nombre des habitans a presque doublé par l’annexion des faubourgs, qui étaient devenus eux-mêmes des villes importantes, Vaise, la Croix-Rousse et la Guillotière, et par l’attraction qu’exerce un grand centre industriel sur les localités voisines. Le dernier recensement quinquennal porte à 318,000 âmes la population, qui en 1847 n’en dépassait pas 177,000. Cette réunion des communes suburbaines à Lyon a été motivée par les plus graves considérations d’ordre public, et dès 1851 l’assemblée nationale avait adopté d’urgence une loi qui concentrait dans les mains du préfet du Rhône les fonctions de préfet de police pour les communes de Lyon, de la Croix-Rousse, de la Guillotière et de Vaise. On préparait ainsi la fusion complète qu’accomplirent bientôt le décret du 24 mars 1852 en confiant à Lyon comme à Paris l’administration municipale au préfet et la loi du 5 mai 1855 en rendant le nom de conseil municipal à la commission dont les membres étaient directement choisis par le chef de l’état. Désormais, seules dans tout l’empire, les communes de Lyon