Au temps déjà loin de nous où la vie politique semblait en ce pays la principale affaire, lorsque M. Guizot, à toute heure sur la brèche, défendant sa cause pied à pied, usait à ce labeur ses forces et sa vie, plus d’une fois nous l’avions entendu souhaiter, non pas que la lutte cessât, mais que la mort ne l’y vînt pas surprendre, l’esprit tourné vers ces questions d’un jour. Il demandait comme faveur suprême, comme dernier terme de son ambition, le temps de songer au départ, quelques années de calme et de retraite pour méditer à loisir, et raviver en lui par les leçons de l’âge mûr les croyances de la jeunesse. Ce qu’il réclamait là, ce n’était que pour lui, pour le seul intérêt de sa propre conscience ; rien alors ne faisait pressentir que dans le champ des idées métaphysiques et religieuses il y eût bientôt aussi des combats à livrer. La guerre, de ce côté, semblait presque endormie : non que le doute et l’incrédulité eussent mis bas les armes ; ils poursuivaient leur œuvre accoutumée, mais sans bruit, sans éclat, sans succès apparent ; c’était comme une trêve qui peu à peu avait laissé les convictions chrétiennes se ranimer, grandir et gagner du terrain. La preuve en éclata dans ces sombres journées où le flot populaire qui venait de tant détruire, s’inclina devant les choses saintes, devant les ministres du culte, comme soumis et subjugué par un respect inattendu. Résultat naturel de la lutte acharnée, mais purement politique, qui
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Apparence
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LA
SCIENCE ET LA FOI
Méditations sur l’essence de la religion chrétienne, par M. Guizot. 1 vol. in-8o, 1864.