il y a des symptômes qui excitent l’attention et autorisent l’espérance de tous ceux en Europe qui sont prêts à applaudir aux beaux mouvemens. C’est le cas pour les ministres autrichiens de montrer s’ils ont quelque profondeur dans l’esprit et quelque force dans le caractère. Nous attendons à cette épreuve les hommes politiques de tous les partis, M. de Schmerling, le comte Mensdorf, le prince Esterhazy ; mais cette rencontre solennelle offre surtout à l’empereur d’Autriche un beau rôle, le motif de l’un de ces élans à la Marie-Thérèse qui autrefois, dans les momens critiques, étaient l’inspiration heureuse des princes de la maison d’Autriche, et faisaient vibrer autour d’eux de vaillantes et honnêtes sympathies. Ce ne sont point seulement les intérêts de l’empire qui demandent que l’Autriche cesse de traîner tristement la Hongrie après elle comme un corps enchaîné ; c’est l’Europe éclairée qui supplie l’empereur de n’écouter que sa générosité et de rendre pour ainsi dire à la vie animée des peuples de notre continent cette race expansive, brillante et chevaleresque, naturellement appelée à représenter, à défendre et à propager notre civilisation commune dans ses avant-postes sur l’Orient.
L’Autriche a laissé il y a deux ans échapper, par son indécision dans la question de Pologne, une de ces rares occasions où il est donné à des gouvernemens éprouvés de se retremper dans la vie libérale. La Pologne a encore une fois succombé ; après l’échec des combats pour l’indépendance, après l’avortement des négociations diplomatiques, la Pologne reprend sa vie morale dans les écrits de ses enfans et de ses amis, dans les œuvres qui retracent ses souffrances et son histoire. Un des plus chauds et plus distingués défenseurs de la cause polonaise, notre ami M. de Mazade, vient d’ajouter à cette histoire une page intéressante et instructive en publiant la correspondance particulière et les conversations du prince Adam Czartoryski et de l’empereur Alexandre Ier. Ce fut l’illusion de ce remarquable et persévérant patriote, le prince Adam, de croire que sa patrie pouvait devoir son rétablissement à un empereur de Russie. Hélas ! l’illusion dura peu, et les dernières cruautés du gouvernement qui a employé et comblé d’honneurs Mouravief ne permettront point qu’elle renaisse jamais.
L’illustre chef de notre école de peinture vient de terminer une œuvre digne d’être comptée parmi les témoignages les plus importans que l’art du XIXe siècle aura légués à l’avenir. Je n’exagère rien. Bien qu’il ne s’agisse