taient jadis ce village, déchu aujourd’hui, que menace sans cesse le fougueux torrent de la Visp, et que le terrible tremblement de terre de 1855 a ébranlé jusque dans ses fondemens.
La vallée de Saint-Nicolas, dans laquelle on pénètre en quittant Viège, offre à l’entrée un aspect très riant. La végétation est riche de couleurs, gracieuse de formes. Sur des terrasses construites en grosses pierres et disposées en pentes obliques, croissent des vignes. De magnifiques noyers ombragent les vergers et les habitations. Les bouleaux accrochés aux premiers escarpemens agitent leur léger feuillage au-dessus des touffes épaisses de la sabine, qui rampe à leurs pieds. Une multitude d’arbustes divers à baies rouges, l’épine-vinette, le sorbier ordinaire et à gros fruits, l’argousier à feuilles glauques, parsèment la verdure de leurs perles de corail. Les sapins et les pins cembros couvrent les croupes plus élevées d’un manteau épais de vert sombre, couronné du blanc immaculé des neiges éternelles. On voit que la Visp est un torrent nourri par de puissans glaciers, car elle a enlevé toutes les terres végétales du fond de la vallée qu’elle occupe dans toute sa largeur. Par endroits, les flancs écorchés des parois qui l’encaissent offrent au géologue de curieuses superpositions de roches stratifiées : ce sont des schistes talqueux et chlorités, bizarrement entrecoupés de couches de calcaire dolomitique et de serpentine.
Le massif des Alpes valaisanes est constitué presque tout entier de ces roches mystérieuses dont l’origine est encore mal expliquée et que l’on a nommées métamorphiques. On suppose qu’elles ont été formées, comme les calcaires et les autres terrains de sédiment, de matériaux désagrégés et déposés peu à peu au fond des mers, et que, soulevées plus tard, elles ont pris le grain cristallin qui les distingue sous l’influence de la chaleur intérieure du globe et par suite de réactions chimiques inconnues. Elles ressemblent aux roches d’origine neptunienne en ce qu’elles présentent des feuillets et des lamelles qui indiquent des dépôts opérés sous les eaux, et d’autre part elles se rapprochent de la contexture des roches d’origine ignée par l’apparence vitrifiée. Ce sont en deux mots des sédimens recuits. Quelques savans prétendent cependant que les roches métamorphiques ne méritent pas ce nom, et qu’elles ont été formées directement, comme les granits, par la solidification de la matière en fusion. L’apparence feuilletée qu’elles présentent proviendrait seulement d’une différence dans le mode de cristallisation. Les deux roches métamorphiques qui dominent dans le groupe des Alpes valaisanes sont le mica-schiste et le gneiss. Le mica-schiste se reconnaît facilement aux paillettes de mica qui brillent au soleil dans le sable des glaciers et qui saupoudrent toutes