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vernement grec à tracer des routes, à jeter des ponts sur les torrens et les rivières. Ses conseils et ses remontrances ne purent vaincre un aveuglement qui commence enfin à se dissiper aujourd’hui. En même temps que les entreprises agricoles, dont le dessèchement du lac Gopaïs nous a offert le plus saillant exemple, divers projets de chemins de fer occupent l’opinion publique, et trouvent auprès d’elle une faveur qu’ils n’auraient pas rencontrée il y a quelques années. Plusieurs compagnies offrent au gouvernement des conditions soumises à une discussion sérieuse, et sillonnent la carte si accidentée de la Grèce de leurs nombreux tracés. Il est donc permis de prévoir dès à présent le jour où ces deux modes puissans de rénovation, l’agriculture et les chemins de fer, corollaires obligés, indispensables auxiliaires l’un de l’autre, seront mis simultanément en pratique et s’empareront de l’activité de la nation.

Le projet d’un chemin de fer de Vonitza au golfe de Volo est celui qui excite le plus particulièrement la sollicitude du gouvernement et l’attention des capitalistes. Ce chemin tracera de l’occident à l’orient une ligne à peu près parallèle aux frontières sinueuses de la Grèce ; il traversera l’Acarnanie, une partie de l’Étolie et les vallées méridionales de la Phthiotide, projettera, d’un point facile à trouver sur son parcours, un long embranchement sur l’Attique par la Livadie et la Béotie, et rendra une vie nouvelle à ce pays, dont les forces semblent avoir été épuisées par les sacrifices accomplis le jour de son héroïque réveil. Avant d’énumérer les avantages politiques et économiques promis à la Grèce par l’exécution de ce tracé, il faut indiquer d’abord le-pittoresque itinéraire que suivront les rapides locomotives à travers des contrées abandonnées, où l’homme aujourd’hui peut à peine se frayer un passage. On achèvera ainsi de faire connaître les ressources que possède la Grèce, et par cela même les élémens sur lesquels repose le succès d’une entreprise qui contribuera puissamment à la régénérer.

Vonitza, l’ancienne Échinos, tête de ligne de ce chemin, est un petit port situé sur la rive méridionale du golfe d’Arta ou d’Ambracie, à la naissance du promontoire qui portait l’antique ville d’Anactorium et qui fait face à un autre promontoire célèbre, celui d’Actium. De Vonitza, chef-lieu actuel de l’Acarnanie, la voie ferrée descendra vers le sud, rejoindra l’Acheloüs ou Aspropotamos, qui sépare cette province de l’Etolie ; puis, ayant traversé ce fleuve, elle remontera vers Karpénisi, au nord de l’Étolie, longera les rampes du mont Callidrome, et, se dirigeant sur celles du mont Othryx, passera dans le riche bassin du Sperchius ou Hellada. Enfin, après avoir franchi dans la dernière partie de son parcours les riches vallées de la Phthiotide, elle aboutira à Ptéléon, sur les bords du golfe de Volo ou Pélasgique. Une rapide esquisse indiquant la phy