portion du parcours sera Katouna, village entouré de montagnes et voisin des belles forêts de Mérida[1]. Il y a quelques années, sur le plateau élevé qui domine ce village, le sol s’enflamma spontanément et ne cessa de brûler pendant plusieurs mois. Un officier du génie, M. Nicolaïdis, fut chargé de procéder à l’extinction de ce feu, qui inspirait aux populations tout à la fois une crainte fondée et des terreurs superstitieuses. Cette circonstance, la nature du sol de la montagne, la propriété singulière que possèdent les eaux du petit lac d’Aétos, non loin de Katouna, de colorer en noir les étoffes qu’on y laisse tremper, propriété attribuée aux principes métalliques qu’elles renferment, tous ces indices déterminèrent un examen sérieux et des fouilles approfondies dans les environs de Katouna. On ne tarda pas à y découvrir un riche gisement de houille, dont l’existence, depuis longtemps soupçonnée, n’avait encore été l’objet d’aucune recherche active. Cette découverte faite, on ne songea nullement à en tirer parti. Il est cependant constant que tout ce massif de montagnes représente un magnifique bassin houiller. La Grèce possède ailleurs d’autres mines de houille. La plus importante et la seule exploitée est celle de Koumi, en Eubée. Suivant un rapport adressé en 1857 à l’amiral Bouët-Villaumez par M. de Bastard, lieutenant de vaisseau, chargé d’expérimenter le charbon de Koumi, ce charbon est doué des plus précieuses qualités. Reconnu tout d’abord comme un excellent combustible pour la navigation à vapeur, essayé ensuite à la forge, il a produit sur le fer des soudures supérieures à toutes celles qu’on obtient avec d’autres charbons de terre. Les expériences ont démontré même que l’absence totale de soufre et la grande pureté de cette houille, presque comparable à celle du charbon de bois, peuvent la rendre très propre aux usines destinées à l’affinage du fer. Le bassin houiller de Koumi occupe une vaste étendue ; mais il n’a encore été attaqué que sur un seul point, à Koumi même. Quant au mode d’extraction, un document officiel nous le fait connaître. « Actuellement, écrivait en février 1857 un officier grec chargé de l’inspection. de cette mine[2], l’état y emploie un officier du train d’artillerie pour la surveillance, et cinq ouvriers, dont un forgeron et un menuisier, occupés à la réparation des outils. Il ne reste donc pour l’extraction que trois ouvriers mineurs ; mais par suite de l’air vicié des souterrains et à cause de la nature même du travail, tantôt l’un, tantôt l’autre de ces ouvriers est toujours malade, en sorte qu’il ne faut compter qu’un travail de deux ouvriers seulement. » Depuis cette époque, rien n’a été changé à ce déplorable
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