état de choses, et cette féconde source de revenu est restée vouée à une complète stérilité[1]. Les charbons de Katouna sont comparables à ceux de Koumi. Il y a donc là toute une industrie à créer, industrie qui répondra merveilleusement, sur les lieux mêmes, aux exigences de la locomotion à vapeur, et qui prendra un développement d’autant plus certain et rapide que le nouveau gouvernement est disposé à céder à la compagnie du chemin de fer l’exploitation des mines existant sur le parcours de la ligne[2].
Stratos, où nous a conduits notre itinéraire, deviendra le centre d’un mouvement important entre la Haute et la Basse-Acarnanie, entre les habitans des montagnes et les riverains du golfe de Corinthe. De là, remontant droit au nord, le chemin longera la rive gauche de l’Acheloüs jusqu’au confluent de ce fleuve avec la rivière Megdowa. À cet endroit, il se jettera définitivement dans la direction de l’orient, et après avoir tourné les contre-forts accidentés du mont Callidrome il passera à Karpénisi, ville principale du nord de l’Étolie, rendez-vous des pâtres et centre de leur commerce. Nous n’avons rien dit encore de ces pâtres, dont les troupeaux forment actuellement la seule richesse de cette partie de la Grèce. Ils méritent cependant une mention particulière, car ils constituent un peuple à part au milieu du peuple grec. Celui-ci les appelle valaques ou albanovlaques,’ApβανιτόβλαΧοι, ou encore karagounis, du nom de la capote grossière qui leur sert de vêtement. Ces pâtres sont nomades ; ils n’appartiennent à aucune province, et l’ethnologie n’a pas encore bien clairement défini leur origine. Ils séjournent en été sur les plus hautes cimes avec leurs troupeaux et leurs familles, descendent dans les vallées aussitôt que les premières neiges ralentissent la végétation sur les sommets, puis ils passent des vallées dans les plaines, où ils campent pendant l’hiver. Dès les premiers jours du printemps, ils s’ébranlent de nouveau et reprennent lentement le chemin des hauteurs. Descendant et remontant sans cesse au gré des saisons, ils obéissent à un mouvement de va-et-vient périodique, régulier, semblable en quelque sorte à celui des grandes marées. Ils ont leurs lois, leurs mœurs, leur langue, très différentes de celles des Grecs. Soumis à leurs chefs, ils traitent par leur intermédiaire avec le gouvernement, qui, se bornant à prélever un modique impôt sur chaque tête de bétail, leur cède
- ↑ Sous le dernier règne, un riche capitaliste grec, M. Pappoudof, avait demandé avec insistance la concession de ces mines, proposant d’y employer les criminels condamnés aux travaux forcés. Ses offres ne furent point écoutées.
- ↑ Il existe aussi des gisemens de houille en Béotie et dans la province de Corinthe. La Grèce possède en outre des soufres sur plusieurs points de l’Ile de Milos et à Méthana, province de Trézène, et des sulfures de plomb argentifère à Sériphos et à Zéa, ancienne Céos, deux îles du groupe des Cyclades.