volement au roi, qui l’accepta, une somme de 40,000 livres. L’année suivante, la paix ayant été signée, il n’y eut point de quartier d’hiver. Malgré cela, la cour exigea une contribution extraordinaire de 30,000 livres, qui devait être permanente. Une députation envoyée immédiatement à Paris fut éconduite. À la nouvelle que leurs députés n’avaient rien obtenu, les paysans du Boulonnais refusèrent le paiement de l’impôt, maltraitèrent les collecteurs et se réfugièrent par bandes dans les montagnes, où ils soutinrent la lutte contre les troupes royales. Dans ses instructions au dauphin, Louis XIV raconte que diverses provinces jouissaient à cette époque de privilèges incompatibles avec le droit, la stricte justice et l’autorité souveraine, que le Boulonnais entre autres, aguerri par des luttes constantes avec l’Angleterre et l’Espagne, s’enorgueillissait d’une sorte de milice aux ordres de la province, et toujours prête à se réunir. Écoutons à ce sujet la parole impérieuse du jeune roi, faiblement adoucie par la rhétorique de Pellisson :
« Je voulus, dit-il, y faire imposer une très petite somme, seulement pour lui faire connoître que j’en avois le pouvoir et le droit : cela produisit d’abord un mauvais effet ; mais l’usage que j’en fis, quoique avec peine et avec douleur, l’a rendu bon pour les suites. Le bas peuple, effrayé, d’une chose qui lui paroissoit nouvelle, ou secrètement excité par la noblesse, s’émut séditieusement contre mes ordres. Les remontrances et la douceur de ceux à qui j’en avais confié l’exécution, étant prises pour timidité ou pour faiblesse, augmentèrent le tumulte, au lieu de l’apaiser. Les mutins se rassemblèrent en divers lieux jusqu’au nombre de six mille hommes. Leur fureur ne pouvoit être dissimulée. J’y envoyai des troupes pour la châtier, ils se dispersèrent pour la plus grande partie. Je pardonnai sans peine à tous ceux dont la retraite témoignoit le repentir. Quelques-uns, plus obstinés dans leur faute, furent pris les armes à la main et abandonnés à la justice. Leur crime méritoit la mort ; je fis en sorte que la plupart fussent seulement condamnés aux galères, et je les aurois même exemptés de ce supplice, si je n’eusse cru devoir suivre en cette circonstance ma raison plutôt que mon inclination[1]. »
Qui ne sait le sort réservé à ces sortes de révoltes, même aux plus formidables en apparence ? Après quelques succès accompagnés de crimes inutiles, les chefs du complot hésitent et s’effacent, les troupes arrivent, et la foule entraînée expie la faute de quelques meneurs. « Le roi, dit la Gazette de France, ayant eu avis que plusieurs paysans du Boulonnois, à la suscitation de quelques particuliers, avoient pris les armes et commis divers excès en la personne de leurs compatriotes qui demeuroient dans leur devoir, même pillé et brûlé leurs maisons pour les obliger à se soulever,
- ↑ Œuvres de Louis XIV, instructions au dauphin, année 1662, t. Ier, p. 213.