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Page:Revue des Deux Mondes - 1865 - tome 58.djvu/113

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la capitale d’une fédération chrétienne, on verra se préparer la rénovation du christianisme ; pour moi, je soutiens que cette rénovation ne dépend pas des destinées de la Jérusalem réelle, et que nous devons la chercher en nous-mêmes. L’avenir du christianisme n’appartient pas aux peuples qui domineront dans Jérusalem affranchie ; il appartient aux peuples qui appliqueront le mieux aux intérêts immortels de la religion les principes immortels aussi de la société moderne. La vraie Jérusalem, la ville sainte d’où sortira, comme dit. M. Tischendorf, un évangile nouveau, c’est le respect des croyances chrétiennes qui la rebâtira tôt ou tard. Ce grand architecte attendu des nations, ce sera la civilisation chrétienne intégrale, non pas celle des sectes, mais celle de l’humanité, non pas celle qui se borne à la tradition d’un livre, mais celle que l’esprit invisible développe au cœur du genre humain, celle qui s’est complétée par la France, par l’Allemagne, par l’Angleterre, par le XVIIIe siècle, par la révolution ; — ce sera en un mot le christianisme père de la société moderne et glorifié par elle. Que les églises chrétiennes rivalisent de charité, que le catholicisme romain renonce aux traditions des âges grossiers et rejette hors de son sein tout ce qui offense l’Évangile, que le luthéranisme suédois déchire le code barbare qui le déshonore, que la politique russe efface, s’il se peut, les crimes commis au nom de la foi orthodoxe contre les catholiques de Pologne, enfin que l’humanité chrétienne poursuive ses destinées. agrandies sous le soleil vivifiant de la justice, alors, alors seulement on pourra dire avec le poète :

Jérusalem renaît plus charmante et plus belle.


SAINT-RENE TAILLANDIER.