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restée au rudiment d’Edouard VI, modifié dans les portions qui ont vieilli. Pour n’être pas entraînée dans des nouveautés qui affaibliraient ses programmes, elle choisit ses maîtres parmi ses anciens élèves, et ces maîtres enseignent comme on les a enseignés, tenant pour suffisantes les méthodes qui ont donné à l’Angleterre des géomètres comme Newton, des poètes comme Byron, des orateurs comme Burke et Fox.

Cette persistance des écoles de grammaire à se renfermer dans leurs statuts a donné lieu à quelques incidens bizarres qui montrent jusqu’où est poussé le respect des traditions. Parmi ces écoles, il en est que des circonstances particulières ont vouées à l’abandon, soit que leur rayon d’action ait diminué, soit que l’état de leurs ressources ait réduit la valeur du personnel enseignant. Dans quelques cas, l’établissement restait vide avec un principal qui attendait inutilement des élèves. Appuyé sur son titre et touchant les derniers revenus de l’école, ce principal n’en était pour cela ni plus docile ni plus accommodant ; il se retranchait dans sa charte de fondation comme dans un fort, et n’admettait pas qu’on pût le troubler dans les droits qu’elle lui conférait, ni changer la nature des obligations qui y étaient inscrites. En vain lui disait-on qu’il fallait se conformer à l’esprit du temps, vaincre le délaissement par des concessions, régénérer l’école pour la rendre viable. Aucun de ces tempéramens ne lui semblait compatible avec le mandat dont il était chargé ; son premier devoir était d’obéir aux clauses constitutives de l’établissement, et il le faisait en vivant de l’école comme un chanoine de sa prébende. S’il avait des loisirs, c’était au public de les interrompre ; les portes lui étaient ouvertes. Que faire ? qu’opposer à cette force d’inertie ? La paroisse et le comité directeur avaient épuisé leurs remontrances ; au-delà, il n’y avait qu’un procès à intenter. C’est ce qui a eu lieu : les cours de justice ont été plus d’une fois saisies et ont invariablement jugé dans le même sens en donnant gain de cause au principal de l’école. Il a été décidé qu’en de tels contrats la lettre stricte devait être respectée sans en rechercher l’esprit, ni agiter la question de convenance. À ces arrêts, qui ont fait jurisprudence, le lord-chancelier a pourtant ajouté un conseil qui est désormais suivi : c’est de passer un marché avec les principaux des écoles quand leurs pouvoirs expirent ou se renouvellent. L’occasion est bonne alors pour un débat sur les programmes, et l’investiture peut être mise au prix de certaines conditions. Cette marche a réussi auprès de quelques écoles de grammaire, où elle était susceptible d’application, et vis-à-vis de quelques principaux, qui ont mieux aimé céder que se démettre. Sur deux points, une modification aux statuts a eu lieu,