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confiance exagérée en soi-même. Ce sont les élèves qui se jugent, et il y en a toujours dans le nombre de disposés à se surfaire. Après tout, dans les divisions anglaises, le danger n’est pas grand ; elles se ressemblent tellement qu’on pourrait les confondre. Tout se borne à une dose plus ou moins forte de grec et de latin. Elles n’ont pas même, au point de vue des carrières, de destination spécifiée ; elles préparent à toutes indistinctement. La division moderne fournit, comme la division classique, des sujets aux professions libérales, moins ornés, il est vrai, mais formés plus promptement, et en outre elle est la pépinière des jeunes gens qui vont peupler les comptoirs du commerce et les bureaux des industries.

Ce qui existe pour les divisions se reproduit dans les classes ; il est loisible à un élève d’y monter d’un degré quand il se sent de force à en courir la chance. Sur ce point également, l’organisation anglaise est très élastique. L’année scolaire se partage en trois périodes ou termes, comme ils les nomment ; cet avancement spontané est permis à chacun de ces termes. L’élève qui se sent capable franchit alors une classe ; on en a vu qui, dans le cours de l’année, en franchissaient deux. A lui ensuite de justifier son ambition en se soutenant de son mieux. La durée des études reste ainsi indéterminée. Il y a bien six classes, mais qui n’emportent pas nécessairement un travail de six années ; il dépend de l’élève de les abréger ; s’il fait un effort plus grand, il est assuré d’en recueillir le bénéfice. Ce n’est pas sur la différence des matières qu’est fondée la distribution des classes, mais sur le degré de force des élèves. Au fond, pour les sujets d’élite, l’école n’est qu’une préparation aux universités, et c’est là qu’en dernier ressort justice est faite des vocations équivoques. Que l’élève ait franchi trop vite les échelons inférieurs, qu’il se soit abusé lui-même ou ait surpris la complaisance de ses maîtres, il trouvera dans les concours des grades des juges plus clairvoyans, et sera ramené à sa vraie mesure. Il apprendra alors que les fruits hâtifs ne sont pas toujours les meilleurs, et qu’il y a profit à laisser au temps le soin de les mûrir. Ces avortemens ne sont pas rares, et plus d’un étudiant qui passait pour un phénomène dans son école est venu piteusement échouer aux examens de Cambridge et d’Oxford.

C’est là en effet la pierre de touche et le degré vraiment supérieur. Ce que nous venons de voir de défectueux et d’insuffisant dans les écoles de grammaire ne se retrouve ni dans les universités ni dans les collèges préparatoires qui en dépendent. Le niveau des études s’y relève avec un éclat et une solidité incomparables, la culture des facultés y embrasse toutes les connaissances humaines dans leur expression la plus achevée. Rien n’en est exclu, tout y