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que nous nommons la cosmographie est dans le même cas et se réduit à un peu d’astronomie usuelle. Les écoles en prennent la part qui touche le plus directement un peuple navigateur, la détermination des distances sur mer par observation des astres, les variations des marées, les phases lunaires, les rapports, entre, le temps vrai et le temps moyen. Point de classement méthodique dans tout cela, point de notions qui s’enchaînent ; on se contente de fragmens qui peuvent intéresser l’auditoire sans indiquer même le lien qui les rattache à ce qui les précède et à ce qui les suit. Ce parti-pris de reléguer les sciences expérimentales dans un rang secondaire a lieu d’étonner de la part des Anglais ; l’habitude de l’observation est une des qualités de leur génie. Non-seulement ces sciences se recommandent par les applications industrielles dont elles sont susceptibles, mais, envisagées spéculativement, elles sont propres à fortifier et à développer les intelligences. Elles reposent sur le concret et le réel, comme les mathématiques sur la conception abstraite ; celles-ci apprennent à bien calculer, celles-là à bien voir : dans ce sens, elles se complètent. Il y a là évidemment une lacune qui s’explique mal dans un pays et chez des hommes si positifs dans leur manière de se conduire.

L’enseignement anglais se partage, comme le nôtre, en deux branches ou divisions, mais avec cette différence, que ce qui pour nous est formel est pour eux arbitraire. Ces deux divisions se nomment la division classique et la division moderne. La première comprend les langues et l’histoire anciennes, les langues et l’histoire modernes, les mathématiques et quelquefois accessoirement des notions de physique et de chimie. Dans la seconde division, la langue grecque disparaît, et l’étude du latin est poussée moins avant. Il reste donc plus de temps pour les mathématiques ; mais ici reparaissent les inconvéniens d’un enseignement qui n’est ni simultané ni bien déterminé. L’aptitude et la fantaisie individuelles accélèrent ou ralentissent le mouvement des études. Chaque élève va un peu à son gré ; les uns restent en chemin, les autres doublent les étapes. Quelquefois ils rentrent dans les divisions ou en sortent sans qu’aucun obstacle s’oppose à cette mobilité. Il y a quelque avantage à cela, » il y a aussi des inconvéniens. L’avantage est de ne pas tenir trop longtemps accouplées des forces et des facultés inégales, en obligeant les plus alertes à se mettre au pas des traînards. Un peu de dégoût s’attache à un retour prolongé de matières dont l’esprit est saturé, l’attention s’y lasse, le temps s’y perd, tandis qu’en montant d’un degré il serait utilement employé. L’inconvénient est de laisser trop beau jeu à des travers auxquels l’enfance n’échappe pas plus que l’âge mûr, — la versatilité et la