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n’en « conseilla » pas moins l’évacuation du pays jusqu’à la frontière du Slesvig ; lord Wodehouse, fraîchement débarqué, joignit ses prières, ses recommandations, sa pression, — et le Danemark céda aussi sur ce point (20 décembre). Lord Wodehouse n’avait pas pour cela épuisé tous ses conseils : il lui restait encore un autre moyen de salut à faire agréer, — l’abrogation de la charte de novembre, « le suicide, » comme l’appelait M. Hall ; — mais la première partie de la besogne était déjà faite avant Noël, et la diplomatie anglaise était parvenue à aplanir les routes devant M. de Bismark jusqu’à l’Eider. Donc, dès le 21 décembre, les Danois commencèrent à évacuer le Holstein, et à mesure qu’ils se retiraient, on voyait entrer les troupes fédérales. Parmi ces troupes, dont la plus grande partie restait échelonnée dans le nord de la Germanie, on distinguait des régimens hongrois de la patrie d’Arpad, des régimens polonais de la Galicie et du grand-duché de Posen : on ne voyait pas « l’armée slesvico-holsteinoise » que le duc d’Augustenbourg avait déclaré former sur le territoire de Cobourg. Le duc n’en resta pas pour cela inactif : il adressa une proclamation à ses chers sujets de Slesvig-Holstein où il les engageait a à respecter les commissaires du Bund et à éviter les conflits… » Sérieusement la mouche du coche pensait faire aller la machine.


II

Au moment où les troupes de Christian IX évacuaient le duché de Holstein, le cabinet de Copenhague adressait à ses agens une dépêche circulaire, en date du 24 décembre, qui protestait en termes dignes et mesurés contre les violences subies et en faisait pressentir de nouvelles. « Ce n’est pas sans faire un grand effort sur nos sentimens, disait la circulaire danoise, que nous avons accepté d’attendre de ce côté de l’Eider la marche ultérieure des événemens. Si nous avons pris cette résolution, c’est uniquement pour nous rendre aux conseils et aux instances des puissans gouvernemens amis et pour différer aussi longtemps que possible une collision à main armée, — collision qui néanmoins nous semble inévitable. » Inévitable en effet était désormais le conflit, et l’attitude de l’Allemagne, de ses peuples aussi bien que de ses gouvernemens, ne laissait guère de doute à cet égard. Le ministre de Hesse-Darmstadt baron de Dalwigk, un de ces imperceptibles satellites qui graviraient alors autour du corps germanique, et qui pendant un moment se flatta même de briller par sa propre lumière, déclarait le 18 dé-