Page:Revue des Deux Mondes - 1865 - tome 58.djvu/400

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’aventure à la vie des camps et aux longues opérations d’une guerre régulière.

Les hôpitaux de Saint-Louis et de ses environs sont sans cesse visités par les membres de la commission sanitaire de l’ouest. Ces commissions, indépendantes de l’état, fonctionnent dans toutes les grandes villes de l’Union. Elles ne contrarient en rien l’action du corps médical ni des officiers de l’armée, et s’efforcent seulement d’en rendre la tâche plus aisée. La générosité du peuple américain leur fournit des ressources qui permettent d’ajouter partout un peu de superflu au nécessaire, des fruits, des antiscorbutiques à la ration réglementaire des camps et des hôpitaux, quelques vêtemens plus chauds à l’uniforme d’ordonnance ; ces mêmes ressources ont servi à fonder des écoles pour les noirs, à diminuer les souffrances de tant de malheureux, noirs ou blancs, qui sont les victimes innocentes de la guerre civile. Peu de commissions sanitaires ont eu une tâche plus difficile que celle de l’ouest. Les offrandes et les dons patriotiques se portaient plus naturellement vers la grande commission de Washington et vers ses succursales de Boston, de Philadelphie, de New-York. La commission de Saint-Louis et de la vallée mississipienne eut les débuts les plus modestes ; après les premières batailles livrées dans le Missouri pendant l’été de 1861, rien n’était prêt pour les blessés, on n’avait ni lits, ni fourneaux, ni matelas, ni couvertures, ni remèdes, ni infirmiers. Au moment où j’étais à Saint-Louis, la commission avait déjà reçu 275,000 dollars et des contributions en nature pour une valeur d’environ 1,250,000 dollars. Le président de la commission, M. Yeatman, avait 2,000 dollars à dépenser par jour : de toutes parts de vastes hôpitaux avaient été élevés ; la commission avait fondé dans plusieurs villes des soldier’s homes, établissemens où les soldats en route pour les armées ou pour leur pays recevaient gratuitement le vivre et le couvert ; elle distribuait, par l’intermédiaire des chirurgiens de l’armée, dans les camps et les hôpitaux, des couvertures, des bas, des chemises, des conserves de légumes, du vin, des fruits, des livres, etc., tout ce qui pouvait ajouter au bien-être du soldat. Des caisses arrivaient chaque jour de toutes les parties de l’Union, remplies des objets les plus variés : depuis le Maine jusqu’au Minesota, de Boston à Saint-Louis, il n’est pas un village qui n’ait envoyé son offrande ; mais c’est du Massachusetts que sont venus les secours les plus abondans et les plus précieux. Non-seulement ce petit état a fait des dons plus importans en nature et en argent, il a donné des chirurgiens, des infirmiers, des infirmières, des institutrices. Le ministre unitaire de San-Francisco, Starr King, dont la patriotique éloquence a peut-être empêché la