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continuèrent à s’avancer vers le nord. A Yang-tsin, qui était la seconde étape, nouvelle dépêche, plus pressante encore. — Vous nous ayez bien compris, disait le prince : tout ce que vous désirez est accordé et accepté, et cependant vous marchez toujours ! Rentrez donc à Tien-tsin ; sinon, comment pourrions-nous croire à vos intentions pacifiques ? Et alors, s’il surgissait quelque conflit entre nos troupes et l’armée tartare qui est campée dans les environs, il en résulterait des malheurs irréparables. Si vous voulez traiter sur les bases déjà convenues, sans exiger d’autres conditions, nous, qui n’agissons pas à la façon de Kouei-liang, nous ne manquerons pas à notre parole. — Les deux ambassadeurs ne crurent point devoir modifier leur plan, qui se traduisait par une alternative fort claire et très désagréable pour les Chinois : — ou la paix à Tong-chaou, ou la guerre avec ses conséquences, c’est-à-dire, avec une attaque immédiate contre Pékin. — Le 14 septembre, ils étaient à leur troisième étape, Hou-si-hou, à 74 kilomètres de Tien-tsin.

Le prince Tsaï et son collègue Mouh virent bien qu’il ne fallait plus songer à faire rétrograder les alliés. Les voici qui imaginent un nouveau plan. — N’allez pas plus loin, écrivent-ils dans une dépêche suppliante du 13 septembre. Que votre armée s’arrête, car elle va se heurter contre l’armée tartare, qui n’obéit qu’à ses généraux et sur laquelle nous n’avons pas d’action ; un conflit serait inévitable. Venez à Tong-chaou ; nous donnons notre assentiment plein et entier à la convention que vous avez préparée. Nous pourrons la signer et la revêtir du sceau impérial ; puis vous vous rendrez à Pékin, avec une escorte peu nombreuse et sans armes, pour y procéder à l’échange des ratifications du traité de Tien-tsin. Nous vous fournirons les chariots et tout ce qui sera nécessaire pour ce voyage. Hâtons-nous ; ne sommes-nous pas entièrement d’accord ? — Peut-être les ambassadeurs seraient-ils encore demeurés insensibles à ces supplications et à ces offres de service, et se seraient-ils abstenus d’entrer en pourparlers avant que l’armée ne fût établie à Tong-chaou ; mais à ce moment le général sir Hope Grant venait de déclarer à lord Elgin qu’il attendait de Tien-tsin des renforts, des approvisionnemens et de l’artillerie, et qu’il jugeait nécessaire de faire halte pendant sept ou huit jours. Dès lors, rien n’empêchait de prêter l’oreille aux ouvertures du prince Tsaï. Il convenait même d’employer le délai réclamé par les nécessités militaires pour la reprise des négociations, tout en se tenant en garde contre les manœuvres de la diplomatie chinoise.

Lord Elgin envoya donc à Tong-chaou M. Parkes, consul d’Angleterre à Canton, et M. Wade, secrétaire-interprète, tous deux comptant de longues années de service en Chine et habitués à manier les mandarins, pour qu’ils s’entendissent directement avec les