de dissidences profondes, et on les a toujours vus dans les chambres se réunir avec un louable esprit de conduite toutes les fois qu’un intérêt vital de l’Italie était en jeu. Les divisions ne commencent que sur des questions secondaires, et les changemens ministériels dépendant des variations des situations personnelles n’altèrent point la suite de la politique générale. La retraite annoncée de M. Lanzan motivée, dit-on, par des dissentimens sur la nomination de deux secrétaires-généraux, nous paraît donc devoir être considérée, à la veille des élections, plutôt comme un contre-temps que comme l’éclat d’une crise ministérielle dangereuse. Personne en Italie ne regardait le ministère actuel, dont M. Lanza était le personnage politique important, comme pouvant avoir une longue existence. C’était un cabinet de transition, qui sous la direction loyale du général Lamarmora, s’était chargé, après les tristes événemens de Turin, d’exécuter la convention du 15 septembre et d’opérer la translation de la capitale. Le ministère Lamarmora a honnêtement rempli cette mission patriotique. On voulait lui laisser faire les élections, mais on s’attendait à ne point le voir survivre à la réunion du prochain parlement. C’est un embarras sans doute qu’un ministre de l’intérieur se retire un mois avant les élections générales, mais ce n’est qu’un embarras. On nomme divers successeurs possibles de M. Lanza : M. Cantelli, ancien vice-président de la chambre des députés et actuellement préfet de Florence ; M. Vigliani, préfet de Naples, où M. Natoli, qui passerait du ministère de l’instruction publique à celui de l’intérieur. Dans tous les cas, le général Lamarmora paraît bien décidé à faire les élections, qui auront lieu dans les premiers jours d’octobre, et à convoquer la chambre pour le commencement de novembre.
Le projet de décentralisation élaboré à Nancy, dont nous avons déjà entretenu nos lecteurs, et les nombreuses et remarquables, adhésions données à cette étude par les principaux hommes politiques du pays commencent à occuper sérieusement l’attention publique. Il n’y a rien de plus simple et de plus digne d’applaudissement que l’œuvre modestement essayée par la réunion de Nancy. Quelques citoyens épris du bien public et dévoués au progrès politique de la France ont eu la pensée de faire sortir du vague cette idée de décentralisation caressée par tous ceux qui ont été frappés des obstacles que le développement de la liberté rencontre chez nous dans l’excès de la centralisation administrative. La France, depuis la révolution, cherche à fonder son gouvernement sur le système représentatif, c’est-à-dire à faire participer les citoyens par le mandat électoral au gouvernement du pays ; elle cherche en un mot à se gouverner elle-même. Ce que l’esprit de nos institutions dérivées de la révolution française a voulu faire pour le gouvernement général, il l’a voulu faire aussi pour l’administration. Le pays a été divisé et subdivisé en groupes administratifs ; à la tête de chaque groupe a été placé un agent du pouvoir central avec un organe représentatif formé par l’élection. Depuis la révolution française, les cadres du pouvoir et de ses agens et les cadres des assemblées représentatives