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individuels et par les sacrifices des paroisses : l’état se tenait à l’écart. Il n’en est plus de même aujourd’hui. Comment donc le gouvernement a-t-il pu intervenir dans le système de l’instruction publique en ce qui regarde les écoles primaires ? A titre de souscripteur. L’état souscripteur ! voilà une alliance de mots qui étonnera peut-être des lecteurs français : rien n’est pourtant plus d’accord avec les faits. Le parlement vota d’abord quelques subsides (grants) qui devaient être distribués par le département de l’éducation (education departement) pour seconder certains efforts locaux dans la fondation des écoles. Toute paroisse s’adressant à l’autorité pour obtenir une concession d’argent devait avoir recueille elle-même une somme égale au secours demandé. L’état se trouvait avant 1852 en face de deux anciennes sociétés rivales, dont l’une (la National Society) représentait l’église, et dont l’autre (la British and foreign school Society) représentait les dissidens : il se servit volontiers de leur ministère, et c’est généralement par le canal de ces institutions que passaient les dons de l’état. L’alliance entre l’éducation et le principe religieux n’était d’ailleurs point rompue : pour avoir droit aux faveurs du budget, il fallait que l’école appartînt à une profession de foi quelconque. Les demandes de fonds affluèrent, et l’ensemble des grants s’éleva rapidement à près d’un million de livres sterling par an. les économistes commencèrent à s’alarmer ; d’un autre côté, certains membres du haut clergé regrettent aujourd’hui d’avoir mordu, disent-ils, à l’hameçon d’or. Quel peut être le sujet de leurs plaintes ? L’état, tout en restant dans son rôle de souscripteur, revendiqua bientôt les droits que donne en pareil cas aux simples individus tout apport de fonds dans une œuvre de charité : quiconque donne est admis à s’assurer par lui-même que son argent est bien donné. Le conseil privé (privy council), appuyé sur cette théorie, posa donc des conditions aux écoles qui acceptaient les services du gouvernement ; Peu à peu le système des études fut modifié, les bases de l’enseignement furent remaniées d’après les vues des hommes d’état. Le conseil décida par exemple que les maîtres d’école, au lieu de recevoir du budget de l’instruction publique un traitement fixe, seraient dorénavant rétribués selon leurs œuvres. Une partie de leur salaire dépend aujourd’hui du nombre des élèves qui assistent à la classe et du succès qu’obtiennent ces élèves dans les examens. Des inspecteurs dû gouvernement viennent constater l’état des études et déterminent d’après les efforts du maître la valeur de la récompense matérielle qu’il mérite. L’état veut, comme on dit, en avoir pour son argent : au lieu de payer les moyens d’éducation, il paie les résultats. Ces changemens alarmèrent une grande