Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1865 - tome 59.djvu/340

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

quelques cas exceptionnels, et nous devons avouer qu’en raison du petit nombre des faits recueillis jusqu’ à ce jour, il n’est point facile d’établir quel est, en moyenne, dans les oiseaux, le poids de la force d’un cheval. Cependant on ne peut guère hésiter à affirmer que ce poids moyen n’est pas supérieur à 5 kilogrammes. On voit si nous sommes fondé à dire que l’oiseau est une machine motrice admirable, douée d’une incomparable légèreté spécifique !

Les insectes volans, quelques-uns. d’entre eux au moins, ont à déployer une grande force pour se soutenir dans l’air. Si par exemple on considère le poids du hanneton et la ténuité des membranes, qui lui servent d’ailes, on est comme stupéfait qu’il puisse voler. Sans doute il se meut lourdement, et il ne peut fournir de longues courses, mais, il n’en est pas moins vrai qu’il développe, pour agiter ses ailes, un travail considérable, et l’on doit s’attendre à ce que son organisme intérieur soit en état de suffire à une grande dépense de puissance motrice, Cependant, si on regarde sous la cuirasse du hanneton, on n’y trouve point, comme chez l’oiseau, un sang rapidement charrié dans tout le corps ; ici le système circulatoire a disparu ; plus de cœur, plus d’artères, plus de veines, plus de poumons non plus ; toute la cavité intérieure du hanneton est remplie d’une matière blanchâtre. Néanmoins, il ne faut pas s’y tromper, cette matière, malgré sa couleur, joue le rôle d’un sang très actif et se prête à une combustion très vive. Un mécanisme spécial lui fournit d’ailleurs de l’oxygène en très grande quantité. Sous les ailes de l’insecte, on voit le long du corps une ligne percée de distance en distance de petits trous que ferment des volets mobiles. Par ces trous se fait un appel d’air très énergique, et l’oxygène s’insinue dans une multitude de petits canaux qui vont le répandre dans toute la masse du sang. C’est là, comme on voit, une circulation d’un nouveau genre : le sang ne vient plus chercher l’air dans des poumons, c’est l’air qui va trouver le sang et qui le revivifie à la fois dans toutes les parties du corps. Cette combustion directe qui se produit dans la masse entière du sang fournit abondamment la chaleur nécessaire au travail des ailes. Le hanneton est donc encore, toutes proportions, gardées, un moteur très puissant. Nous n’avons pas besoin d’ajouter que, pour les, petits insectes, la difficulté du vol diminue à mesure que la densité du corps est moins éloignée de la densité de l’air.


III

Nous ne nous étendrons pas plus longtemps sur les conditions que les êtres vivans doivent remplir pour voler ; les indications