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chevaux choisis réunissent bien les conditions qu’on exige d’eux. Bien des personnes pensent qu’on obtiendrait des résultats supérieurs encore, si on ne soumettait pas les chevaux si jeunes à l’entraînement. Il ne faut pas oublier en effet que l’entraînement surexcite le cheval, lui impose des épreuves souvent supérieures à ses forces et a parfois de fâcheux résultats même pour ceux qui y résistent. Le régime de l’avoine donne aux poulains plus de force et de vigueur, mais on ne peut violenter la nature, et quoi qu’on fasse on n’augmentera jamais la précocité d’un cheval sans diminuer en même temps sa durée. Les chevaux de course actuels se rapprochent par leurs formes du poulain de deux ans, le type n’est plus le même qu’autrefois. Peut-être vaudrait-il mieux ne commencer l’entraînement qu’à trois ans, puisqu’après tout cette opération a pour objet non pas d’améliorer le cheval, mais seulement de le préparer. Les grands coureurs du siècle dernier, Éclipse, Childers, et les autres, n’avaient pas été entraînés, et n’avaient débuté sur le turf qu’à l’âge de cinq ans. La question toutefois est très débattue, mais on remarque que nos meilleurs étalons ne donnent pendant les premières années que des produits médiocres, et qu’il leur faut deux ou trois ans de repos avant de pouvoir être employés d’une manière normale.

Les pur-sang sont trop ardens, trop nerveux, et exigent trop de soins pour être employés aux usages ordinaires. Ce ne sont pas des chevaux de service, ce sont des reproducteurs destinés à communiquer par des croisemens aux autres races quelques-unes des qualités qui les distinguent eux-mêmes, notamment le courage et l’ardeur. C’est en vue de cette amélioration et de la création de chevaux demi-sang propres au service de la cavalerie que l’administration des haras possède un certain nombre d’étalons pur sang avec lesquels elle fait saillir les jumens indigènes[1]. Elle avait même établi au Pin une jumenterie composée de vingt jumens pur sang de premier ordre, qui dans son idée devait donner des poulains de choix, et par suite des étalons hors ligne. L’expérience démontra que c’était là un faux calcul, et que les particuliers étaient beaucoup plus à même que l’état de produire de bons étalons. La jumenterie

  1. En 1860, l’état possédait :
    1 étalon ayant coûté plus de 40,000 fr.
    4 — — — 30,000
    3 — — — 20,000
    21 — — — 10,000
    1,117 — — moins de 10,000
    165 — de prix inconnus.
    Au total : 1,311