Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1865 - tome 59.djvu/523

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Il est douteux que les courses au trot donnent des résultats plus sérieux, quoique dans les départemens surtout on croie devoir les encourager. On ne saurait trop le répéter, les courses ne sont pas créées pour donner des coureurs à la consommation, mais pour permettre de choisir parmi eux les meilleurs reproducteurs, c’est- à-dire, les plus vigoureux et les plus courageux. Or les courses au galop atteignent ce but beaucoup mieux que les courses au trot, et il est probable qu’un pur-sang entraîné spécialement pour le trot, pourrait lutter avantageusement contre les trotteurs américains ou hollandais, qui sont les premiers du monde.

Les courses donnent lieu à des paris très considérables, et, bien que ce soit là un de leurs résultats les plus fâcheux, il faut cependant en dire un mot pour faire comprendre comment ils s’engagent. Dans chaque course, les chevaux sont cotés suivant les chances qu’ils paraissent avoir. Si vingt chevaux sont engagés et s’ils sont tous de même force, chacun d’eux a un vingtième de chance ; on peut donc parier 20 contre 1 que tel cheval ne gagnera pas : on dit alors qu’il est à 20. Si l’on a des raisons de croire qu’il vaut mieux que ses concurrens, qu’il a par exemple deux fois plus de chance de gagner que chacun des autres, on pariera 10 qu’il ne gagnera pas contre 1 qu’il gagnera. Si ses chances sont plus grandes encore, on pariera 5 contre 1, etc. Enfin, si l’on juge, qu’il vaut autant à lui seul que tous les autres ensemble, on pariera 1 contre 1, ce qui s’exprime en disant qu’on le prend à égalité contre le champ. On peut parier sur chaque cheval et faire des combinaisons infinies dans lesquelles l’avantage reste à ceux qui ont été à même de connaître les chevaux avant leur apparition sur le turf. Toutes ces combinaisons reposent donc sur les cotes des chevaux, et l’on comprend qu’un propriétaire peu consciencieux puisse parfois les faire varier à son avantage en faisant perdre son cheval quand il devrait gagner. Il n’est besoin pour cela de mettre personne dans la confidence, il suffit de donner à boire au cheval un peu plus que d’habitude pour paralyser ses moyens. Aussi ces fraudes sont-elles très difficiles à constater ; mais, quand elles sont établies, on applique à celui qui s’en est rendu coupable les peines prescrites par les règlemens de la Société d’encouragement, peines qui peuvent aller jusqu’à l’interdiction de faire courir. La société en effet est souveraine et décide en dernier ressort toutes les questions relatives aux courses ; mais elle ne s’occupe que des courses plates, qui sont de beaucoup les plus importantes, puisque, sur l,724,245 francs de prix ; distribués en 1854, elles ont absorbé l,170,065 francs.

Maintenant que nous avons précisé le but des courses, nous pouvons nous demander si ce but a été atteint, c’est-à-dire si les