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Page:Revue des Deux Mondes - 1865 - tome 59.djvu/699

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(terras calientes), comprend tout le littoral de la mer, et s’enfonce d’une vingtaine de lieues environ dans l’intérieur du pays. Baignées du côté de l’Océan par le golfe du Mexique, et sur le versant opposé par les eaux du Pacifique, ces terres chaudes, dont le niveau dépasse à peine celui de la mer, ne méritent que trop bien leur nom ; c’est un séjour brûlant, exposé sans défense à toute la furie du soleil, et d’une insalubrité proverbiale qu’entretiennent à la fois les miasmes des marécages et la végétation luxuriante des forêts vierges. — La seconde zone comprend les terres tempérées (terras templadas), qui s’élèvent peu à peu en gravissant les premières pentes de la chaîne des Cordillères, et dont les riches cultures réunissent les produits du midi de l’Europe aux fruits des tropiques. — Enfin les terres froides (terras frias) appartiennent aux hauts plateaux qui s’étendent depuis le pic d’Orizaba jusqu’au pic de Colima. De ces deux points culminans, qui dominent les deux versans opposés du Mexique, se découvrent les deux mers qui baignent ses rives. Sur ces hauts plateaux sont bâties les villes principales, Mexico, Puebla et Guadalajara. On y retrouve toutes les essences d’arbres qui caractérisent les contrées septentrionales.

En 1862, lorsque pour appuyer les réclamations de leurs nationaux les flottes alliées de l’Angleterre, de l’Espagne et de la France se dirigèrent vers le Mexique, c’est au port de Vera-Cruz, situé au fond du golfe, qu’elles vinrent débarquer. On sait qu’après la rupture de la convention de la Soledad, qui entraîna la retraite des forces anglaises et espagnoles, le petit corps expéditionnaire français resta seul pour attaquer la république mexicaine, défendue par son président Juarès. Nos troupes se mirent en marche, s’éloignèrent des terres chaudes tout en conservant leurs communications en arrière avec Vera-Cruz, le port de ravitaillement, traversèrent la zone tempérée, et gravirent les terres froides à travers les escarpemens des Cumbres jusqu’au plateau d’Anahuac, où la ville de Puebla se préparait à repousser les Français. Soixante lieues séparent Puebla de la Vera-Cruz. Le 5 mai 1862, la division française du général de Lorencez soutenait une lutte héroïque sous les murs de Puebla, et, après avoir escaladé sous la mitraille les hauteurs des forts Guadalupe et Loreto, accablée par le nombre et par un effroyable orage, elle battait en retraite. Pour venger l’échec du 5 mai, le gouvernement impérial faisait partir aussitôt un corps d’armée de trente mille hommes, sous les ordres du général Forey, chargé d’aller planter le drapeau national dans la capitale même du Mexique.

Au mois d’octobre 1862, le général Forey arrivait de France et prenait le commandement de l’expédition ; mais lorsqu’il eut porté ses deux divisions françaises sur les hauts plateaux pour préparer