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à leur consommation. L’Acyr est un des états les mieux constitués de l’Arabie, et peut réunir une force militaire relativement considérable. Il a successivement accordé sa coopération aux Égyptiens, aux Turcs ou aux chefs indigènes, et la victoire est presque toujours restée au parti qui s’était assuré son concours. L’Acyr jouit d’une véritable indépendance, qui a été défendue jusqu’à présent par le courage des habitans et par la configuration du pays; non-seulement ce territoire est montagneux, mais les hauteurs arrivent jusqu’au bord de la mer, sans laisser, comme dans l’Yémen, une côte basse, un téhama, suivant l’expression arabe, où les envahisseurs puissent s’établir.

Immédiatement au sud de l’Acyr, par conséquent dans la partie septentrionale de l’Yémen, se trouve la principauté d’Abou-Arisch. Ce pays dépendait autrefois de l’iman de Saana. Au commencement du XVIIIe siècle, les chérifs qui en étaient gouverneurs se sont rendus et sont restés depuis à peu près indépendans, quoiqu’ils aient quelquefois reconnu la suzeraineté des uns ou des autres et payé à diverses reprises un tribut.

Le plus ancien état de l’Arabie méridionale est l’imanat de Saana. L’iman a été pendant des siècles le souverain non-seulement de l’intérieur de l’Yémen, où il réside, mais aussi. de la côte appelée Téhama. blême à l’époque de la plus grande expansion de la puissance turque, la Porte n’a possédé effectivement, mais non sans contestation, une partie de l’Yémen que pendant soixante ans, de 1570 à 1630. C’est vers le commencement de ce siècle, comme on le verra bientôt, que les Égyptiens d’abord, les Turcs ensuite, sont revenus disputer à l’iman la suzeraineté effective ou nominale de l’Yémen; nous disons nominale, parce que depuis une centaine d’années beaucoup de vassaux s’étaient rendus indépendans. C’est ainsi que le prétendu sultan de Laheï, de qui les Anglais ont depuis acquis Aden, s’était soustrait à l’autorité de l’iman en 1728. Le trône de Saana est héréditaire. Les princes sont à la fois spirituels et temporels chefs de la secte des zeïdites[1], ils s’attribuent, comme le sultan des Turcs et celui du Maroc, le titre d’émir-el-mouménin, c’est-à-dire de commandeur des croyans. Jusqu’à ces derniers temps, ils ont frappé monnaie à leur coin et battu leur pavillon, qui représentait l’épée d’Ali à double lame sur un champ rouge. Peut-être le font-ils encore malgré l’état de faiblesse où ils sont tombés. Telles sont les divisions actuelles de l’Yémen. Pour plus de clarté, nous ne comprenons pas dans cette énumération quel-

  1. Cette secte se rapproche de celle des chiites: elle ne reconnaît pas la légitimité des quatre premiers califes successeurs de Mahomet.