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état de choses se prolongea jusqu’au commencement de l’année 1864, les Bédouins continuant à intercepter la route de Médine à La Mecque et celle de Médine au port de Jambo. Il arriva même plusieurs fois que Médine manqua de vivres par suite de l’interruption de ses communications avec la mer. Enfin au mois d’avril 2864 les autorités de Djeddah se décidèrent à payer aux Bédouins le tribut accoutumé, montant annuellement à environ 250,000 francs. Les Turcs disent de ces Arabes que ce sont les chiens de la maison, et que, quand ils aboient, il vaut mieux leur jeter un peu de pâture que de chercher à les exterminer. Au mois de mai, la sécurité des routes paraissait à peu près rétablie, et le pèlerinage de 1864 s’accomplit sans encombre. Cependant la grande caravane de Syrie fut attaquée à son retour; mais les Bédouins ne l’empêchèrent pas de continuer sa route.

Le grand-chérif de La Mecque, Ibn-Aoun, qui avait été réinstallé en 1856 après la mort de Moutaleb, mourut le 28 mars 1858. Ce personnage fut généralement regretté à cause de sa générosité et de son caractère conciliant. Il était âgé de quatre-vingt-dix ans, et fut remplacé par son fils Abd-Allah-ibn-Aoun, qui exerce, comme son père, un grand prestige sur les Arabes. Cette succession était une nouvelle atteinte au principe de la légitimité. représenté par Moutaleb. Adb-Allah a résidé longtemps à Constantinople, où il était membre du grand conseil au moment de la mort de son père.


III. L’YÉMEN ET L’ACYR.


Les wahabites et les Égyptiens dans l’Yémen. — Arrivée des Turcs, la politique anglaise. — L’imanat de Saana.


Entre le Hedjaz, dont nous venons de retracer les vicissitudes politiques, et l’Yémen proprement dit, dont nous n’avons pas encore parlé, se trouve la contrée appelée Acyr. Ce pays, qui a joué un si grand rôle dans l’histoire contemporaine de l’Arabie, était complétement inconnu à l’Europe il y a une centaine d’années. M. Jomard, qui en a dressé en 1838 la première carte détaillée, constate qu’aucun des géographes et historiens arabes n’en a fait mention. L’Acyr est borné à l’ouest par la Mer-Rouge, au nord par le Hedjaz, au sud par l’Yémen. Ses limites à l’est ne sont pas bien déterminées ou bien connues. Il possède une petite étendue de côtes et de bons mouillages depuis Haly, limite méridionale du Hedjaz, jusqu’à Birk-el-Kasah, au sud. Les Acyres n’ont manifesté jusqu’à présent aucun désir d’entrer en relations avec les puissances européennes leur pays produit d’ailleurs tout ce qui est nécessaire