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Peu de jours après, le duc de Bedford écrit que les comités catholiques demandent si parmi les grades accessibles à leurs coreligionnaires est compris celui de général d’état-major ; le conseil est d’avis que les termes toute commission et toute nomination militaire, n’admettent point d’exception. Un nouveau dossier est expédié au roi, qui le retourne sans observation. On se hâte de l’écrire en Irlande. Le lendemain, lord Howick[1], puis lord Grenville voient le roi. Il dit au premier que la mesure lui répugne beaucoup, mais qu’il en a autorisé la proposition ; il ne dit rien au second, et le même jour en conséquence lord Howick fait à la chambre des communes la motion convenue. Huit jours après cependant, le roi à son lever parla publiquement contre le bill ; il ajouta qu’il croyait avoir dit à lord Howick qu’il ne consentait plus à ce qu’il fût présenté. Ce silence de toute une semaine montrerait bien, à défaut de toute autre preuve, qu’il y avait eu changement d’avis et non malentendu. Le cabinet était fondé donner une démission en masse c’était l’avis de lord Howick, de lord Holland et de Windham Grenville et la majorité voulurent patienter encore, et communication fut donnée au roi d’une délibération par laquelle ses serviteurs confidentiels (c’est la formule) lui faisaient respectueusement connaître que leur intention n’était plus d’insister sur la clause annoncée, mais qu’alors ils désespéraient d’empêcher les pétitions catholiques de venir devant la chambre, que dans le débat ils parleraient comme par le passé, chacun suivant son opinion personnelle, et qu’ils ne pouvaient lui cacher que l’état grave de l’Irlande pourrait les obliger à lui proposer dans l’occasion les mesures qu’ils jugeraient réclamées par les circonstances. Il leur répond par une note dans sa forme ordinaire, mais assez étendue, qu’étant décidé à ne faire aucune concession aux catholiques, il lui faut l’assurance positive que ses serviteurs confidentiels ne lui feront plus à l’avenir de propositions semblables. Cet engagement que Pitt avait eu la faiblesse de prendre, mais du moins de son plein gré, on ne pouvait le prendre à commandement. À une exigence qui semble digne d’un despote de l’Asie, il n’y avait qu’une réponse à faire le ministère la fit, il se retira (mars 1807).

On a toujours cru que le roi avait sciemment marché vers ce but Ce prince, toujours si malheureux quand on lui parlait des catholiques, qu’on n’osait insister dans la crainte de troubler sa raison semblait exploiter cette crainte qui lui servit à brider Pitt, Fox Grenville, Castlereagh, Canning, et deux fois à se débarrasser de cabinets diversement importuns. Dans cette dernière circonstance

  1. Plus connu sous le nom de lord Grey.