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inutile à l’effort universel qui devait nous surmonter un jour, et par là elle a sa part dans nos malheurs; mais ceux-là en sont les vrais auteurs qui ont combattu à Leipzig.

Il n’en fut pas de même lors de la guerre de 1815. Après une année passée en fêtes triomphales, le parlement d’Angleterre, rentrant dans le cours de ses occupations régulières, discutait un bill pour l’exclusion des blés étrangers, afin d’assurer aux agriculteurs un prix rémunérateur malgré la concurrence dont les menaçait le retour de la paix, lorsqu’il apprit que l’empereur avait quitté l’île d’Elbe et marchait sur sa capitale. Il y avait alors assurément plus d’un doute à former sur le parti qu’on devait prendre, plus encore sur le parti qui serait adopté. Bien des esprits alors, et celui de Napoléon fut du nombre, crurent que les grandes puissances se diviseraient; que le cœur leur manquerait pour recommencer l’œuvre étrange de donner à la France un gouvernement à main armée. On se trompait. Le congrès de Vienne fut unanime, et quand Wellesley voulut rejeter sur les ministres la faute de l’incident qui troublait le monde, quand Whitbread essaya d’empêcher l’Angleterre de s’engager dans une querelle de dynastie, des majorités écrasantes donnèrent au cabinet gain de cause et pouvoir de soutenir la querelle de la coalition. Lord Grenville se sépara de lord Grey pour appuyer contre lui le parti de la guerre.

La courte campagne qui se termina dans les champs de Waterloo donna à la Grande-Bretagne une beaucoup plus forte part dans la seconde chute de l’empire. Le nom de Wellington reste attaché à nos désastres. La valeur anglaise fournit seule à l’armée prussienne le temps de nous porter le coup fatal. Enfin le sort voulut que dans la proscription de Napoléon le rôle le plus important et le plus ingrat échût à sa plus constante ennemie. La triste mission de choisir les geôliers d’un grand homme et de veiller à la captivité de cet éternel prisonnier de guerre laissera toujours un odieux souvenir sur ceux qui l’ont acceptée et remplie. L’Angleterre se trouva ainsi plus compromise qu’elle n’aurait dû l’être dans le triomphe réactionnaire de 1815. Toutes ces restaurations qui sur le continent semblaient à l’envi travailler à faire haïr leur puissance, et qui ont si follement concouru à rendre aux souvenirs impériaux la popularité que ne devrait jamais avoir le pouvoir absolu, même après sa chute, semblaient les clientes et les protégées de la patrie de Wellington. Il a pu y avoir de l’injustice dans cette assimilation de l’Angleterre aux monarchies de la sainte-alliance. M. de Viel-Castel, en particulier, a parfaitement montré combien la politique anglaise avait été en général, sous la restauration, sensée, judicieuse, comparativement modérée. Les Anglais ne dépassent