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Page:Revue des Deux Mondes - 1865 - tome 60.djvu/515

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cier de quelque importance le choix de ce passage. Nous aurions ainsi en main une donnée précieuse pour la décision que nous avons à prendre. Il importe donc que le ministre du roi à Berne s’informe si le gouvernement fédéral, dans le cas où le choix tomberait sur le Saint-Gothard, serait disposé à déroger au principe suivi jusqu’ici et d’après lequel la confédération s’abstient d’accorder des subsides pour l’établissement des chemins de fer. Il serait utile de connaître la somme que pourrait fournir dans ce cas le gouvernement fédéral et celle qu’on pourrait attendre des cantons intéressés. » Le ministre d’Italie à Berne répondit le 15 novembre à son gouvernement qu’il ne fallait compter sur aucun subside fédéral, et que les cantons favorables au projet du Saint-Gothard accorderaient seuls un concours. La commission administrative de 1860, vivement pressée par le ministère, publia son rapport dans l’année même. Ses conclusions étaient « que dans la partie occidentale des Alpes le passage préférable était celui du Lukmanier, que dans la partie orientale c’était le Splugen, que s’il fallait se prononcer entre les deux, le Lukmanier devait avoir la préférence. »

Ce rapport devint l’objet d’une très vive polémique en Italie. On accusa la commission d’avoir fait son travail avec beaucoup de hâte et sans avoir réuni des élémens suffisans pour sa décision. À partir de ce moment, l’étude des différens tracés fut reprise de toutes parts avec activité. Un grand nombre de projets se produisirent. La province de Pavie, la municipalité et la province même de Milan, plusieurs autres corps municipaux ou provinciaux provoquèrent des rapports d’ingénieurs et d’administrateurs. Presque toute la Lombardie se prononçait avec chaleur pour les passages du Splugen et du Septimer. Cette attitude d’une des provinces les plus intéressées dans la question jetait le désarroi dans les esprits. Vers le milieu de l’année 1863, M. Paleocapa, sénateur et ancien ministre, publia un petit livre, le Chemin de fer des Alpes helvétiques et le meilleur tracé des lignes subalpines destinées à relier l’Italie à la Suisse. La haute réputation de l’auteur, sa position de président du conseil d’administration des chemins de fer lombards, donnaient une grande importance à cette publication. Le débat, disait M. Paleocapa, se trouve maintenant circonscrit entre le Lukmanier et un des passages orientaux (Splugen ou Septimer). Quel est notre désir à tous ? quel est l’intérêt du commerce italien ? C’est qu’on s’arrête sans plus longs ambages à un projet qui puisse être exécuté. Or l’une des deux solutions, celle des Alpes orientales, ne peut échapper au veto du gouvernement suisse ; Il ne reste donc que la solution du Lukmanier. La Lombardie pourra-t-elle s’y opposer ? Elle ne le fera pas, si elle consulte son intérêt. C’est la seule solution