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point limitées aux subsides des cantons et des sociétés de chemins. de fer. La confédération pourra, au besoin, intervenir efficacement dans cette affaire. La loi de 1852 ne lui a pas ôté les pouvoirs qu’elle tient de la constitution, dont l’article 21 est ainsi conçu « La confédération peut ordonner à ses frais ou encourager par des subsides les travaux publics qui intéressent la Suisse ou une partie considérable du pays. » En vertu de cet article, elle a déjà provoqué ou exécuté un grand nombre de constructions publiques elle a changé le régime du Rhin et du Rhône, établi des routes militaires, subventionné de simples routes cantonales; elle s’occupe en ce moment de régler le cours de l’Aar et du Tessin; enfin elle accorde une véritable subvention à tous les chemins suisses en les exonérant de tous droits d’entrée sur le matériel de la voie et celui de roulement. Le gouvernement fédéral ne saurait donc refuser son concours financier à une entreprise qui dépasse en importance toutes celles où il est intervenu précédemment.

La Suisse et l’Italie, nous l’avons suffisamment montré, ne sont pas seules intéressées à l’établissement d’une ligne qui relie le nord au midi de l’Europe à travers les Alpes centrales. Les provinces situées dans le bassin du Rhin doivent surtout y trouver de nouveaux débouchés pour leurs industries. Aussi trois états allemands, le grand-duché de Bade, le Wurtemberg et la Prusse, ont déjà fait connaître à Florence leur intention de subventionner le passage du Saint-Gothard à l’exclusion de tout autre. Les chambres de commerce de la Prusse rhénane viennent d’adresser des pétitions à Berlin pour que la subvention prussienne soit fixée à 20 millions. La Belgique et la Hollande ont également manifesté des intentions favorables. Les gouvernemens mêmes dont on ne peut attendre aucun secours financier donneront sans doute à cette entreprise leur appui sympathique. Elle réunit en effet dans un seul faisceau les intérêts d’une grande partie de l’Europe. Quelque ardue que soit la question de la traversée des Alpes helvétiques, nous avons la confiance que toutes les difficultés qui ont retardé jusqu’ici ce grand travail seront heureusement surmontées. Ce ne sera pas la moins glorieuse parmi les œuvres qui attesteront à nos descendans l’énergie de notre époque.


FEER-HERZOG,

Membre du conseil national suisse.