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Page:Revue des Deux Mondes - 1865 - tome 60.djvu/820

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d’aveugle intolérance révolutionnaire. Une sorte de dévotion jacobine a fait éclat contre la décentralisation : on eût dit qu’il s’agissait encore de mettre hors la loi les girondins fédéralistes. La grandeur et la bienfaisante influence du livre de M. Quinet sont de replacer la liberté à son vrai rang, le premier parmi les principes de la révolution, et de rattacher à leur tradition, qui est l’absolutisme de l’ancien régime, les procédés de centralisation excessive et de tyrannique arbitraire qui ont été adoptés par les factions révolutionnaires. Nous ne pouvons exprimer ici les motifs de l’admiration que nous inspire cette œuvre imposante ; mais ou nous nous trompons fort, ou elle est destinée à remuer puissamment les esprits. Elle comptera parmi les plus efficaces services qui aient été rendus à la cause de la révolution française, et marquera comme un signe de salutaire réveil des âmes, si l’esprit national n’est point condamné a une léthargie éternelle.

Nous faisions naguère allusion à la fin d’un homme d’esprit, d’un homme heureux, qui a tenu une grande place dans notre époque et dont l’âme n’a point été à coup sûr assaillie des nobles soucis qui tourmentent et élèvent la pensée de M. Quinet : nous voulons parler de M. Dupin. Il n’y a pas grand’chose à dire d’hommes de cette importance et de ce naturel tant qu’on est encore dans la période des oraisons funèbres officielles ; il faut pour les juger prendre plus de perspective et les considérer de plus loin. Constatons seulement que la bonne fortune suit M. Dupin jusqu’après sa mort : elle lui donne ou lui prépare dans ses fonctions judiciaires ou dans ses honneurs littéraires des successeurs qui honorent son héritage. À la cour de cassation il a été remplacé par le premier légiste de notre époque, M. Delangle. À l’Académie française, nous espérons que son fauteuil sera rempli par un des maîtres les plus laborieux et les plus estimés de l’école historique française, par M. Amédée Thierry, car cette fois nous ne doutons point que la modestie de M. Thierry ne cède aux vœux du monde lettré, qui depuis longtemps l’appelle à l’Académie. e. forcade.

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V. de Mars.