Page:Revue des Deux Mondes - 1865 - tome 60.djvu/833

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

voûte et aux réflexions qu’inspire le berceau du christianisme en Angleterre, lorsque les portes s’ouvrirent pour laisser entrer la foule. C’était l’après-midi du dimanche, et l’étroite église fondée par les Romains est utilisée aujourd’hui pour les services du culte anglican.

Ce saint Augustin a été le premier archevêque de Canterbury. Le roi Ethelbert lui céda dans la ville son palais pour le convertir en un monastère dont il reste quelques débris remarquables[1]. Il lui donna aussi l’église bâtie dans l’intérieur du mur d’enceinte par des chrétiens primitifs, et sur l’emplacement de laquelle s’éleva bientôt un autre édifice dédié au Christ : d’où le nom de Christ-Church que garde encore la cathédrale. Augustin était venu avec l’intention de rattacher l’Angleterre à l’autorité spirituelle du souverain pontife, ou, comme disent les protestans, à l’influence de l’évêque de Rome. Ses vues paraissent avoir rencontré une vive opposition dans l’ancienne église chrétienne, qui, longtemps persécutée par les Saxons, subsistait encore et voulut maintenir son indépendance contre les usurpations du nouveau pouvoir religieux. Lorsque l’Angleterre se consolida en une monarchie, la cité de Canterbury perdit beaucoup de son importance politique, mais elle grandit de plus en plus comme métropole ecclésiastique du royaume. Sa cathédrale, œuvre des siècles, embrasse toute l’histoire des révolutions du dogme religieux chez nos voisins d’outremer. On y arrive par la porte du parvis (precinct gate), une ancienne façade de pierre noircie par le temps et chargée de sculptures plus ou moins effacées, avec une voûte centrale à ogive basse portant la date de 1517. Cette porte indique assez que le voisinage de la cathédrale était autrefois protégé par un mur et que le quartier ecclésiastique formait ainsi une ville dans la ville. Cette ancienne disposition des lieux a été en partie respectée. Quelques maisons d’un caractère profane ont, il est vrai, franchi l’enceinte sacrée au grand préjudice de l’édifice central dont elles obstruent les abords ; mais l’ensemble du terrain est encore occupé par les jardins et les habitations des prébendiers. Cet enclos se divisait en trois cours appelées, l’une la cour de la Cathédrale, l’autre la cour du Prieuré, et la dernière la cour de l’Archevêque. Le palais des anciens archevêques n’est plus qu’une ruine. Du prieuré, détruit par Henri VIII,

  1. Cette abbaye, étant tombée en ruine, était occupée, il y a quelques années, par une brasserie, un public house et un jeu de boules. En 1844, les restes de cet ancien édifice religieux furent vendus aux enchères, et M. Henry Beresford Hope les acheta pour les convertir en un collège de missionnaires protestans. On admire à l’extérieur la grande porte, great gate, qui a été restaurée ou du moins consolidée dans ces derniers temps.