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secte. La Société des amis n’exige de ses membres aucune profession de foi ; elle a très peu de dogmes et se gouverne par des synodes ou meetings. Le trait qui la caractérise est une croyance profonde dans l’influence directe de l’Esprit-Saint sur l’âme de l’homme. Comme les noms que nous donnons aux mois de l’année et aux jours de la semaine dérivent d’une source païenne, les amis refusent de s’en servir ; c’est ainsi qu’ils disent le premier et le second mois au lieu de janvier et de février, le premier et le second jour au lieu de dimanche et de lundi. En cas de disputes litigieuses, les quakers ne doivent point s’adresser aux tribunaux ordinaires ; mais il faut qu’ils soumettent leur différend à l’arbitrage de deux ou trois de leurs confrères. Si l’une des deux parties intéressées refuse d’obéir à la sentence des tiers, elle peut être exclue de la société par le meeting auquel elle appartient et qui se réunit tous les mois (monthly meeting). La sincérité étant à leurs yeux une des premières vertus chrétiennes, ils prétendent que tout homme doit être cru sur parole et se défendent avec douceur d’y ajouter aucun serment. Leur résistance à cet égard a été pour eux la source de persécutions odieuses ; mais leur simple affirmation est aujourd’hui reçue en justice et dans les affaires d’état. On connaît leur sainte horreur pour la guerre ; ils réprouvent avec la même énergie toute atteinte à la liberté de conscience.

Leur chapelle ou, pour mieux dire, leur lieu de réunion est une grande salle n’ayant d’autre luxe que la propreté, des murs blancs, un plancher lavé avec soin et des bancs de bois où tout le monde s’assoit sans aucune distinction de rang ni de fortune. Sur le bureau figurent les archives de la société en plusieurs volumes. Leur culte est tout immatériel ; ils adorent Dieu en esprit, sinon en vérité. Aucunes formes de prières, point de jeûnes, point d’actions de grâce. Comme ils soutiennent que toutes les anciennes figures ont été abolies par la loi nouvelle, ils n’admettent d’autre baptême que celui de l’esprit, et leur communion est un acte intérieur de l’âme sans aucun signe visible. Dans leurs assemblées, hommes et femmes, riches et pauvres, savans et ignorans, peuvent également prendre la parole, selon qu’ils se croient inspirés. On appelle en Angleterre une réunion de personnes silencieuses un meeting de quakers. Avant d’élever la voix dans ces conventicules, il faut en effet qu’on se sente remué par l’esprit, et l’esprit est quelquefois lent à souffler. On l’attend alors dans le plus profond recueillement. Il y a pourtant des anciens (elders) qui veillent sur le ministère de la parole, mais seulement pour entretenir l’ordre. Le mariage lui-même se célèbre sans l’intervention d’aucun prêtre. L’un des membres de la société a-t-il l’intention de prendre femme, il en avertit