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DE
L'EXTRADITION DES ACCUSES
ENTRE
LA FRANCE ET L'ANGLETERRE

Ce n’est point sans quelque surprise que le public français a brusquement appris par le Moniteur la dénonciation officielle de la convention d’extradition conclue en 1843 entre la France et l’Angleterre. Cette dénonciation, notifiée au gouvernement anglais le 4 décembre 1865, doit avoir, aux termes de la convention, son plein effet six mois plus tard, c’est-à-dire que dès le 4 juin de cette année, si la convention de 1843 n’a pas été renouvelée ou remplacée dans l’intervalle, un banqueroutier frauduleux ou un assassin qui aura réussi à traverser en temps opportun la Manche pourra, dans l’un ou dans l’autre pays, jouir ouvertement et impunément du fruit de son crime. Certes l’anxiété serait grande des deux côtés du détroit, si l’on considérait la question de cette manière, et si l’on ne regardait plutôt comme inévitable la conclusion d’un nouveau traité propre à donner aux deux nations les garanties que l’intérêt social réclame. Mais quel peut être ce nouveau traité ? quelles modifications le gouvernement français désire-t-il introduire dans la convention de 1843, et ces modifications peuvent-elles être acceptées par l’Angleterre ? Enfin quels principes ont guidé jusqu’ici les deux gouvernemens en cette matière, et d’où vient le dissentiment qui les sépare ? Ces questions ont aujourd’hui une assez grande importance pour mériter un sérieux examen.

Si l’on s’en tient au texte de la dépêche en date du 29 novembre 1865, dans laquelle le gouvernement français expose les raisons